Les exploitations agroindustrielles ont cette caractéristique qu’elles sont consommatrices de vastes surfaces et de main d’œuvre, mais aussi qu’elles sont productrices de nombreux dommages sur le plan environnemental, avec des conséquences socio-économiques incontestables. Ce sont des exploitations agricoles dont l’objectif principal reste encore la maximisation la production, pour l’accumulation du capital ; malgré les pressions sur elles exercées par les farouches défenseurs de la RSE. Pour atteindre cet objectif, elles font très souvent usages de nombreux produits chimiques, dont les effets sur l’environnement sont dévastateurs.
Parmi les conséquences de l’action des agro-industries du Moungo, il y a en bonne place les effets des traitements aériens des bananeraies par les produits toxiques contre certaines maladies qui s’attaquent aux feuilles de bananiers. Ces traitements qui se font par avion, consistent en le déversement des produits de traitement sur les feuilles de bananiers. Mais le problème qui se pose est que, outre les effets dévastateurs sur les ressources naturelles, ces déversements se répandent sur les habitations, les écoles, les églises, bref sur les populations locales. En effet les bananeraies d’une Moungo ont une très grande proximité tant avec les habitations qu’avec certaines plantations villageoises, de même qu’avec les cours d’eau dont les populations locales font usages. Ces traitements sont administrés sans information préalable des populations locales. Le Délégué du Minader de l’arrondissement de Loum, soucieux des conséquences négatives de la culture de la banane sur les hommes et sur la nature, va relever, en ce qui concerne la plus grosse agro-industrie en présence, qu’elle n’est pas préoccupée par la vie des gens dans le Moungo. Et il explique cela en ces termes :« La PHP fait des traitements aériens des plantes avec des produits toxiques sans au préalable informer les populations, ce qui entraîne des catastrophes sur le plan sanitaires dans des familles entières. Les impacts environnementaux de la PHP sont négatifs, pollution des hommes et des rivières avec les traitements aériens, et les eaux usées de traitement de bananes. » Ces propos illustrent bien la réalité des effets destructeurs de la production bananière dans la zone du Moungo.
Bien que ces agro-industries n’aient de cesse à démontrer qu’elles prennent des mesures suffisamment efficaces pour contrer les dommages de ces traitements aériens sur les populations locales, ces dernières estiment que ces mesures sont inefficaces. Et parfois même, les populations soutiennent que certaines des mesures que la PHP prétend être des systèmes de protections en leur faveur, comme par exemple les haies d’érythrines, sont plutôt des moyens de protection des bananiers contre les vents violents. Ainsi, les populations se déclarent toutes insatisfaites, toujours très fortement exposées. Lors d’un entretien avec l’un des chefs de village de l’arrondissement de Njombé/Penja, celui-ci nous a fait le témoignage d’une expérience qu’il avait vécu quelques jours plutôt, pour signifier combien les populations restent exposées et vulnérables à ces traitements aériens. Il dit : « les actions de la PHP pour protéger les populations des effets des traitements aériens sont peu efficaces, lors d’une récente ballade avec mon petit fils dans le village pendant que les avions de la PHP circulaient, celui-ci s’est écrié ‘grand-père on m’a versé le piment dans les yeux. » Cette sensation que l’enfant ressentait dans ses yeux, n’était pas du piment, mais les produits toxiques de traitements aériens.
Les incidences sur la santé des hommes sont indéniables et catastrophiques, l’ONG FADENAH, qui a engagé des actions pour lutter contre la pollution à Njombé/Penja affirme que « les fréquents épandages aériens des pesticides par les agro-industries compromettent gravement la santé des populations de nombreux villages totalement ou partiellement enfuient dans les plantations agroindustrielles, ainsi que ceux des agglomérations et habitations proches de ces plantations. » Cette ONG essaie ainsi de décrire la situation sanitaire des populations riveraines des plantations agroindustrielles, qui font sans cesse appel, pour que les problèmes de santé auxquels elles sont exposées soient pris en compte, mais sans succès. Selon un médecin du coin, la santé des populations est atteinte à trois niveaux : au niveau des organes respiratoires, au niveau de la vue et au niveau de la peau. Comment des populations autant diminuées peuvent-elles œuvrer pour le développement? La santé constitue une question prioritaire du fait que le capital humain, acteur principal de la croissance à travers le facteur travail, doit être bien portant pour booster la croissance et le développement. La détérioration de la santé des populations du Moungo constitue ainsi entrave à un réel engagement de ces dernières dans le développement local. L’investissement dans les soins de santé constituant déjà une source de dépense énorme pour ces dernières.
Vivement que les autorités administratives de cette localité se penchent sur ce problème, afin de prendre des mesures adéquates qui devront limiter les conséquences désastreuses du traitement des bananeraies sur les populations riveraines.
Le rural.info