La société Dangoté Cement Cameroon dont l’inauguration est imminente, ne constitue pas moins un danger pour son environnement immédiat, ne serait qu’à en juger par les observations que nous avons faites au niveau des berges du Wouri. Et entre dégradation de la chaussée assortie de la propagation de particules toxiques l’environnement en a pris un sérieux coup.
A peine installée sur les berges du Wouri, déjà un maximum de conséquences sur l’environnement et les populations riveraines à en juger par le lourd tribut qu’elles paient eu égard aux rejets polluants qui émanent des installations de la cimenterie Dangoté. Mais qui connaît l’enceinte de cette cimenterie, il ne sera point étonné de constater que diverses voies y menant ont connu une forte dégradation due aux camions de ladite entreprise, eu égard aux lourdes charges qu’ils transportent. Et les gros nids de poule qu’on y découvre, attestent à suffisance de la négligence des responsables de cette cimenterie qui ne se préoccupent guère des désagréments que cette situation a engendrés pour les ouvriers des entreprises voisines astreintes de braver une immense mare d’eau, à défaut de la contourner en rasant les murs d’enceinte d’autres structures jouxtant ladite cimenterie.
Un véritable parcours de combattant auquel sont soumis piétons et véhiculés de la zone sans que les responsables de Dangoté cherchent à remédier à la désastreuse situation qu’ils ont pourtant créée. Pourtant, il aurait suffi d’une concertation avec les autres structures pour gérer au mieux l’environnement. Mais se prévalant très certainement de sa superbe, Dangoté Cement Cameroon n’a pas cru s’y faire accélérant dès lors les effets pervers sur l’environnement, notamment sur les arbres faisant office de barrière naturelle ou simplement de décor du site d’implantation de ladite cimenterie. La verdure du feuillage a fait place nette à un gris révélateur du rejet de particules de ciment provenant de l’entreprise Dangoté.
Atmosphère polluée
A l’évidence, d’importantes particules de détritus de particules de NOx, SO2 et CO2 ayant un impact conséquent sur l’environnement et la santé des populations y ont rendu l’atmosphère plutôt lourde. Suffisant dès lors pour susciter des interrogations sur la modernité supposée de ses installations qui semblent avoir fait fi des considérations environnementales. Se sera-t-on dès lors obligé à une sérieuse étude d’impact environnemental ? Ou aura-t-on simplement bâclé ladite étude en corrompant à tour de bras ceux commis aussi bien pour la diligenter que pour en assurer le contrôle d’effectivité ? Dans l’un et l’autre cas, rien de tel ne semble avoir été fait tant on observe qu’en dépit très certainement du quitus que détient Dangoté Cement Cameroon, ladite entreprise ne respecte aucune norme de sécurité environnementale.
Or, la proximité de cette usine des gargotes om les différents ouvriers et employés de la zone induit des risques de voir les différents repas pollués par un important volume de poussière qu’ils ingurgitent quotidiennement sans en mesurer les conséquences sanitaires. De même, en déversant sur le fleuve Wouri d’autres déchets émanant du traitement des intrants dans la production du ciment, il ne fait point de doute que Dangoté Cement a également un effet négatif sur la flore marine du fleuve Wouri qui le jouxte. Mis côte à côte, tous ces désagréments que ne verra très certainement pas le Pm commis pour l’inauguration officielle de cette cimenterie devrait pourtant constituer une préoccupation pour ce dernier, étant entendu que notre pays a ratifié les conventions inhérentes à la protection industrielle et environnementale.
Dangers latents
Au-delà des dangers évoqués supra, il est indéniable que cette unité industrielle est incommode, insalubre et dangereuse eu égard à sa proximité avec une clinique de soins. Or, il est communément admis que la fabrication d’une tonne de ciment libère près d’une tonne de CO2 dans l’atmosphère, que plus de 60 % des émissions de CO2 sont produites durant la phase de «décarbonatation» et que la production de ciment est responsable d’environ 5% des émissions de CO2 de la planète. Surtout que pour le cas d’espèce l’industrie cimentière, utilisant un processus basé sur une combinaison physico-chimique à très haute température, se caractérise par sa consommation intensive en énergie et des émissions atmosphériques importantes de particules, NOx, SO2 et CO2 ayant un impact néfaste sur l’environnement et la santé des populations.
Bien plus, le stockage et la manipulation de combustibles sont des sources potentielles de pollution du sol et des eaux souterraines, alors que dans le même temps la pollution de l’air entraîne une augmentation des maladies respiratoires (comme asthme, angines ou insuffisance respiratoire ou bronchiolite) et cardio-vasculaires et est source de surmortalité. Mais on ne semble guère préoccupé par ces réalités chez Dangoté, alors que les risques ont depuis peu cessé d’être latents, pour devenir larvés, eu égard aux premières manifestations ressenties par les populations riveraines. Affaire à suivre…
Muna Dimbambe