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PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : DES DÉFENSEURS INQUIÈTES AU CAMEROUN

Liberia1https://mireilletchiako.wordpress.com/2015/09/06/

Le Cameroun aspire à être émergent d’ici à 2035. A cet effet, le pays s’est lancé dans une campagne de séduction pour attirer les investisseurs aussi bien dans le secteur minier que forestier et foncier. L’enjeu de ces investissements est l’accès à la terre et à la ressource et la conséquence immédiate de cette situation est l’explosion d’importants risques de violations de droits humains car beaucoup de ces projets se superposent aux terroirs revendiqués par les communautés locales et peuples autochtones.

Dans certaines zones rurales du Cameroun, la lutte pour le contrôle de la ressource a déjà eu des incidences sur la vie des personnes qui se définissent comme étant des défenseurs de l’environnement et des droits de l’homme. C’est le cas de Christopher Achobang, activiste des droits de l’homme et défenseur de l’environnement basé à Bengwi dans le nord-ouest.

L’homme, actuellement sous liberté conditionnelle, comparait devant les tribunaux de sa localité pour « usurpation de la qualité de défenseur des droits de l’homme et incendie volontaire et destruction de biens». Ses Avocats qualifient de «fallacieuse » l’incrimination relative à l’usurpation de titre car M. Achobang « répond sans ambiguïté aux critères du défenseur des droits de l’Homme tels que définis par la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme». Christopher Achobang avait été interpellé le 26 avril 2015 puis détenu à la prison de Mbengwi pendant 1 mois. A l’origine de son arrestation, son « implication gracieuse » dans la médiation d’un conflit opposant bergers et agriculteurs dans la localité de Meta, à la suite d’un incendie ayant entraîné la destruction des cultures d’agriculteurs et d’une hutte construite en matériaux provisoires selon ses conseils.L’affaire Christopher Achobang passera devant les tribunaux le 14 septembre 2015.

Un autre défenseur de l’environnement attendu à la barre le 10 septembre prochain c’est Nasako Besingi. Le directeur de l’ONG Struggle to Economize the Future Environment (SEFE) basée à Mundemba (Sud-Ouest du Cameroun) est poursuivi pour « manifestation publique illégale ». Il avait été arrêté dans les bureaux de son organisation avec trois de ses collaborateurs le 14 novembre 2012 par des éléments de la gendarmerie nationale et détenu dans les locaux de la gendarmerie à Mundemba. M. Besingi était réputé pour son s’opposition au projet de la société Herakles Farms qui voulait convertir 73 000 ha de forêts tropicales en cultures d’huile de palme. Le projet avait-il décrié, constitue une menace pour les réserves naturelles dans le Sud-Ouest dont le Mont Rumpi qui contient aussi des espèces protégées. Après dénonciation des impacts environnementaux du projet Herakles, l’ONG avait eu gain de cause et la Cour Suprême avait ordonné à la compagnie d’arrêter ses travaux sur le terrain. Seulement, Herakles Farms ne s’était pas exécuté. C’est en manifestant pacifiquement leur ras-le-bol contre la non-exécution de cette décision de justice que Nasako Besingi et ses collaborateurs sont aujourd’hui, poursuivis en justice. Par ailleurs, la compagnie avait engagé des poursuites en justice contre le directeur de SEFE pour diffamation. Le verdict de cette affaire sera connu le 24 septembre 2015.

Dans le Nord Cameroun, C’est Norbert BOUBA, Président de la Cellule de Veille et de Protection des Victimes des Activités Minières (CELPRO) qui fait régulièrement l’objet d’harcèlement judiciaire. Son organisation travaille pour protéger les communautés locales contre les impacts négatifs de l’exploitation minière dans le département de Figuil et pour sécuriser les bénéfices attendus desdites exploitations. En novembre 2012, M. Bouba a subi trois interrogatoires les 12, 15 et 16 au commissariat Spécial de Figuil et à la Brigade de gendarmerie de Figuil. Il était accusé d’avoir pénétré dans l’enceinte de la carrière de la société ROCAGLIA, et d’y avoir fait des prises de vue. La même plainte, objet de sa convocation à la Brigade de gendarmerie a été transmise par le Sous-préfet de Figuil avec un message porté intimant l’ordre au Commandant de Brigade d’interpeller et de déférer Norbert BOUBA au Parquet de Guider pour « incitation au soulèvement, troubles à l’ordre public.. ». L’auteur de la plainte était Pierre ROCAGLIA, Directeur Général de l’entreprise Rocaglia, spécialisée dans la production du marbre à Figuil. Norbert Bouba avait dénoncé la mort par noyade d’un d’un enfant de neuf ans, élève à l’école publique de BIOU, survenue le 27 août 2012 à 16 heures dans la carrière de Rocaglia située dans le village et sans clôture de sécurité pour protéger les communautés. Ce cas selon la CELPRO, n’était pas le premier incident mortel enregistré dans la carrière Rocaglia et l’entreprise n’a jamais été punie pour ces crimes. Tout comme elle n’a jamais été inquiété par son activité de déforestation sans cesse croissante dans la zone.

A Nanga-Eboko dans la région du Centre, un paysan a été emprisonné pour s’être opposé à la prise de ses terres au profit d’un projet de riziculture que le Gouvernement a accordé à une entreprise chinoise. Celle-ci avait voulu étendre illégalement sa superficie et avait rencontré l’opposition de M. Joseph Fa’a Embolo. La suite de la résistance a donné lieu à de nombreuses intimidations et à la condamnation au tribunal de Nanga –Eboko en 2012, à un an de prison avec sursis pendant trois ans. L’Avocat a fait appel et à ce jour, aucune décision n’a plus été rendue.

Mireille Tchiako

 

 

 

 

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