À l’invitation de S.E.M. Paul BIYA, Président de la République du Cameroun, il s’est tenu à Yaoundé du 17 au 18 Mai 2016 une Conférence Économique Internationale intitulée «Investir au Cameroun, Terre d’attractivités».
Cette conférence qui portait sur les opportunités d’investissement au Cameroun, a permis selon les organisateurs, de dresser un état des lieux de la situation économique, des prévisions de croissance et surtout de valoriser l’important potentiel économique à travers divers projets structurants.
Cet événement inédit avait pour objectif de présenter aux hommes d’affaires, industriels, entrepreneurs, décideurs et financiers venus de l’Afrique et du monde les opportunités considérables d’investissements au Cameroun.
Le Cameroun a en effet lancé, ces dernières années, de nombreux projets structurants dans les domaines clés que sont l’agro-industrie, les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, l’énergie, l’immobilier et l’aménagement urbain, les industries extractives et les nouvelles technologies.
Le Cameroun regorge des atouts importants pour son développement : un potentiel agropastoral et halieutique très riche et diversifié qui fait du Cameroun le « grenier de l’Afrique centrale» ; 17millions d’hectares de forêts exploitables qui font du Cameroun le deuxième massif forestier d’Afrique, etc.
Les grands absents de la conférence sont les représentants des communautés riveraines des grands projets.
Seules les hautes personnalités du monde des Affaires de l’Economie, de la Finance Internationale et du monde Politique ont été invitées. Les personnalités de référence étaient entre autres : Manuel BARROSO, Président de la Commission Européenne (2004-2014), Premier Ministre du Portugal (2002-2004) et aujourd’hui Professeur invité à l’Université de Princeton aux Etats Unis, à l’Institut des Hautes études internationales et du développement et à l’Université de Genève ; Chung UN-CHAN, Premier Ministre de la République de Corée (2009-2010), Docteur en économie et Président de l’Université nationale de Séoul (2002-2006) ; Donald KABERUKA, Président de la Banque Africaine de Développement (2005-2015), Ministre rwandais des Finances et de la Planification Economique (1997-2005), et actuellement Professeur invité à la prestigieuse université américaine Harvard où il donne des conférences sur les questions de développement ; Pascal LAMY, Directeur Général de l’Organisation Mondiale du Commerce (2005-2013) ; Paul FOKAM KAMMOGNE, banquier camerounais, Président du groupe Afriland First Bank , présent dans plusieurs pays, initiateur du plus important réseau de microfinance au Cameroun.
Les populations qui sont censées accueillir ces projets d’investissements n’ont pas été conviées à cette conférence. Pourtant, les investissements réalisés ont des conséquences sur les populations riveraines. Elles peuvent faciliter ou constituer un frein à la réalisation des projets. La meilleure vitrine d’un pays pour attirer les investisseurs sont les communautés. Comme dit un adage cher aux populations riveraines, « que disent les populations riveraines des projets de développement des investissements réalisés dans leurs localités et je vous dirai s’il vaut la peine d’investir dans votre pays ». Le Gouvernement du Cameroun s’est donc volontairement privé de ses meilleurs ambassadeurs. Est-ce parce qu’il est conscient que les communautés riveraines estiment n’avoir pas bénéficié des retombées des projets ?
Comment peut-on parler de développement sans impliquer les principaux acteurs de ce développement ?
Les populations riveraines des grands projets ont très souvent été les premières personnes à s’opposer à des projets de développement. Tout simplement parce qu’elles ne sont pas suffisamment informées ou associées au processus de prise de décision relative aux projets dans leurs localités. Une telle conférence aurait été l’occasion pour eux de présenter leurs attentes et leurs craintes.
Les résolutions de la conférence ont identifié quelques actions en faveur des populations. Le communiqué final déclare :« C’est bien pour les populations et avec les populations que le décollage économique du Cameroun doit être accéléré. A cet égard, il importe de :
- Mettre l’homme au cœur de toute initiative économique en veillant notamment à ce que chaque projet contribue réellement à l’emploi et à l’amélioration des conditions de vie des populations ;
- Favoriser une croissance et un développement durables respectueux de la nature et des générations à venir ;
- Accélérer la formation des jeunes générations aux nouvelles technologies qui sont créatrices d’emploi ;
- Accélérer la formation professionnelle des techniciens et des ingénieurs, si indispensables à l’industrialisation du pays, ».
Deux remarques importantes :
- Le Cameroun continue de penser l’investissement et le développement du Cameroun sans associer ou consulter les représentants des communautés.
- Le gouvernement du Cameroun veut mettre l’homme au centre du développement, mais omet de prendre en compte la problématique particulière des communautés riveraines des grands projets qui souffrent des conséquences des grands projets, mais ne bénéficient pas des retombées socio-économiques des dits projets.
its liés au travail est une évidence sur le terrain».