De retour au Cameroun après avoir témoigné contre le géant Bolloré dans le cadre d’un procès contre France télévisions, Emmanuel Elong se dit « inquiet » pour sa sécurité.
L’agriculteur camerounais Emmanuel Elong a maintenu ses accusations d’«?accaparement des terres?» contre Socfin, une firme détenue à 38,7 % par Bolloré. C’était lors de sa comparution comme témoin lors du procès qu’a intenté le groupe Bolloré à France 2, après la diffusion d’un documentaire montrant des « abus » subis par les populations, victimes de la société Socapalm, propriété de Socfin.
L’affaire remonte au 7 avril 2016 lorsque France 2, une des chaînes du groupe France télévisions, a diffusé sur ses antennes, un documentaire intitulé « Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ». Le film sera dévoilé une première fois en avril, puis rediffusé en juin, pendant les vacances. C’est à ce moment que, lors d’une assemblée générale devant les actionnaires de son groupe : Vincent Bolloré estimera que les mineurs dans les plantations de palmiers à huile gérées par Socapalm, avaient été payés » pour dire qu’ils étaient mineurs. Une diffamation selon l‘industriel.
Le reportage querellé montre, en effet, des populations riveraines paupérisées par la Socapalm. Parmi elles, Emmanuel Elong, président de la Synergie nationale des paysans et riverains du Cameroun (Synaparcam). Celui-ci montre comment les propriétaires de la Socapalm ont accaparé des terres ancestrales lors du rachat de cette entreprise.
« Je n’ai pas de titre de propriété sur ces terres ancestrales, héritées de mes aïeux. En 1974, l’État nous a pris une partie de ces terres pour créer une société de développement, la Socapalm, dédiée à l’exploitation de palmeraies. Un projet de plantation villageoise annexée à la société de développement a pris corps (…) Il fallait payer le capital apporté par l’État pour la création de la palmeraie. La Socapalm récupérait notre production, sur laquelle elle retenait les échéances d’un crédit à long terme. Le contrat stipulait que, une fois le crédit remboursé, la société devait nous accompagner dans l’obtention d’un titre foncier. J’ai soldé toutes mes dettes, mais la société a été privatisée avant que je n’entame les démarches », résume-t-il dans ledit reportage
Franck Foute, Journal du Cameroun