Le 28 septembre 2020, Greenpeace Afrique a publié un communiqué de presse dans lequel l’Ong fustige l’opérationnalisation d’un projet agro-industriel porté par Camvert Sarl dans le département de l’Océan, région du Sud-Cameroun. La sortie de Greenpeace fait suite à la mise en terre depuis le 12 septembre, par l’entreprise Camvert, des premiers plants de palmier à huile sur une superficie de 2500 hectares sur un total de 60 000 hectares. « L’accaparement des terres pour les transformer en une plantation de palmiers à huile grande comme plus de six fois Dakar est l’atteinte la plus grave commise par l’agro-industrie aux droits des populations autochtones dans la région depuis des années », explique le communiqué. La zone constitue le milieu de vie de 28 communautés locales Bagyeli.
Le responsable de campagne de Greenpeace Afrique au Cameroun, Ranèce Ndjeudja, fait savoir que ce projet est un cas emblématique de ces projets truffés d’illégalités et d’abus des droits autochtones qui exacerbent la crise climatique et liés à la perte de la biodiversité lorsqu’ils voient le jour. « Il met encore une fois en lumière le mythe de la gestion durable des forêts ainsi que le problème grandissant de la conversion des forêts (y compris les concessions forestières certifiées durables par le Forest Stewardship Council) en plantations agro-industrielles au Cameroun », soutient Ranèce Ndjeudja.
Greenpeace se base davantage sur un récent rapport de l’Ong GDA dont le coordinateur, Aristide Chacgom, fait savoir que « le projet Camvert doit être purement et simplement stoppé et les autorités chargées du contrôle de ce type d’activité sanctionnées ». Avant de poursuivre : « Ces dernières ont permis l’implémentation d’un projet qui non seulement viole les dispositions nationales et internationales pertinentes en la matière, mais entrave aussi l’accès des communautés à leurs besoins en produits forestiers non-ligneux (PFNL) alimentaires et médicinaux sur leurs terres. Ce faisant, ces autorités menacent le mode de vie des communautés forestières ». Greenpeace Afrique et GDA sont favorables à l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur l’approbation par le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, Henri Eyebe Ayissi, du défrichage de la zone initiale de 2500 hectares.
Menace sur le parc national de Campo Ma’an
Le projet de Camvert Sarl porte sur la production et la transformation d’huile de palme, avec la mise en valeur de 57 000 hectares à Campo et de 3000 hectares à Niété. Cette superficie a été déclassée suite au décret n° 2019/4562 du 11 novembre 2019 du Premier ministre chef du Gouvernement, faisait partie de l’Unité forestière d’aménagement (UFA) 09-025. Avec une superficie globale de 88 147,84 hectares, cette UFA a étéincorporée au domaine privé de l’Etat au titre de forêt de production par décret n° 2005/052/PM du 4 février 2005. Cette UFA abrite aussi la biodiversité du parc national de Campo Ma’an, constituée de 26 espèces de mammifères moyens et grands dont les Big Five de la forêt à savoir l’éléphant, le buffle, les grands signes (gorille et chimpanzé), la panthère et le pangolin géant. L’on y retrouve également une flore très riche de plus de 60 espèces à l’instar du bubinga, du doussié blanc et rouge et des espèces semi-aquatiques rares et endémiques.
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