Cameroun tribune, 20 Août 2015
En 2012, lorsque le Programme économique d’aménagement du territoire pour la promotion des entreprises de moyenne et grande importance dans le secteur rural, désigné « Programme Agropoles » est créé, c’est pour une période de huit ans (Cf décret n°2012/2274/PM du 06 août 2012). Période correspondant à la période résiduelle de mise en œuvre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE). Soit une phase-pilote de deux ans et une phase opérationnelle de six ans.
Techniquement donc, le programme Agropoles est déjà rentré dans sa phase opérationnelle. Il s’agit de développement sectoriel mis en place par le gouvernement dans le cadre de la planification et de l’aménagement du territoire, pour l’appui et le suivi de l’exécution des stratégies nationales de développement de l’agriculture de seconde génération. Les filières végétales, animales, halieutiques et forestières sont concernées.
Au 15 août 2015, le compteur affiche 20 agropoles lancés à travers le territoire national. C’est le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Yaouba Abdoulaye, qui a procédé au lancement des trois récents projets en fin de semaine dernière. Il s’agit de l’agropole de multiplication des semences, de production et de transformation de la pomme de terre de l’Ouest dans la ville de Mbouda. L’agropole de production, de transformation et de commercialisation d’ananas de Nlohé dans la région du Littoral. Et l’agropole de production et de transformation de maïs de Kaïgama-Nganké près de Bertoua dans la région de l’Est. A Mbouda, sept tracteurs fournis par le gouvernement ont été remis aux 24 regroupements constituant cet agropole. Résultat attendu : passer d’une production actuelle de 14 840 tonnes de pomme de terre par an à 46 800 tonnes en 2016, avec une extension de la superficie cultivable à 520 hectares. Idem à Nlohé, tout comme à Kaïgama-Nganké où sept tracteurs entièrement équipés, huit motopompes, des semoirs et divers autres intrants ont été remis aux promoteurs de l’agropole de maïs.
Interrogé sur la nature des appuis du gouvernement, le ministre délégué a parlé du souci du gouvernement de promouvoir l’agriculture de seconde génération. « L’on peut également constater qu’avec le programme agropoles, la mécanisation est véritablement en marche, parce que partout où nous allons désormais, nous apportons des tracteurs équipés. Mais aussi, des semences de qualité améliorées, des pesticides et bien d’autres appuis à la modernisation de l’agriculture. On passera ainsi facilement des rendements de deux à trois tonnes à l’hectare, à des rendements de douze tonnes à l’hectare. L’objectif final étant également de soutenir les unités de transformation locales », a déclaré Yaouba Abdoulaye.
Dans une interview accordée en juin dernier au quotidien Cameroon Tribune, le coordonnateur Programme Agropoles, Adrian Ngo’o Bitomo, confiait que l’objectif pour cette année 2015 est de lancer quinze projets d’agropoles dont trois liés au plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance. Ce qui devrait porter à 32 le nombre d’agropoles lancé au terme de l’année en cours. Dans la pratique, les porteurs de projets d’agropoles doivent mobiliser à peu près 60% des financements et le programme apporte les 40% restants. Cet appui (non-remboursable) est réparti en 25 % d’intrants et 10% de construction d’infrastructures. Etant donné qu’il s’agit d’un programme d’aménagement du territoire, il faut des routes pour les producteurs installés dans des zones reculées, de l’éclairage, de l’électricité et des points d’eau. Il est débloqué de manière progressive.
Un premier bilan de l’impact de ces projets sur l’amélioration de la production des filières ciblées ainsi que la baisse des prix reste mitigée, au regard de la fiche synoptique produite par la Coordination du Programme Agropoles. Autant les objectifs visés dans le cadre de l’agropole de production et de commercialisation des œufs de table de Baleng (Ouest) ont été dépassés (plus de 300 millions d’œufs produits en 2014 par rapport à un objectif d’environ 250 millions au lancement) ; autant l’agropole de production et de transformation du riz de Galim affiche un taux de réalisation de 9%. Avec 210 tonnes de riz paddy produites en 2014 sur un objectif de plus de 2000 tonnes. De manière globale, pour les dix-sept agropoles déjà opérationnels, les impacts mesurés par la coordination du programme cite pour le cas du maïs, une réduction de 3% du déficit et une baisse des prix de 24%. L’agropole d’œufs de table a permis de couvrir 60% de la demande nationale.
Josiane TCHAKOUNTE