Des plantations de Njombé-Penja aux forêts de Djoum en passant par les grands projets de Lom-Pangar, au-delà des réalités économiques propres à chacune des trois régions, celles-ci se retrouvent presque identiques lorsqu’on évoque les problèmes fonciers auxquels font face les populations rurales et autochtones.
En réalité, lorsque mention est faite des concessions ou des expropriations pour cause d’utilité publique, le cri des communautés est le même. Les plaintes ne changent pas quelque soit le lieu.
Les communautés se plaignent d’un domaine national très grand qui englobe leurs terres coutumières
Les populations sont unanimes d’un lieu à l’autre sur le fait que l’acquisition des terres à grande échelle constitue une menace considérable pour les familles qui de plus en plus manquent des espaces cultivables et pour les jeunes qui sont réduits à être des manœuvres dans les sociétés concessionnaires.
Les expropriations pour cause d’utilité publique, demeure un sujet de grande préoccupation. Les communautés rurales et autochtones dénoncent premièrement l’injustice qu’elles subissent dans les procédures d’indemnisation. Non seulement l’indemnisation n’est très souvent pas préalable mais aussi elle n’est pas juste. En réalité au nom de l’absence du titre foncier, les communautés ne bénéficient que du prix des mises en valeurs et ensuite ce prix appliqué aux mises en valeur ne représente même pas parfois le dixième de ce que rapporte la mise en valeur. Un manguier produit en moyenne 15 000FCFA de fruits par an. Mais est souvent indemnisé à moins de 40 000FCFA. Le cri des populations s’élève aussi contre l’absence des consultations, de la prise en compte de leurs valeurs culturelles, traditionnelles dans la mise en œuvre des projets (agricoles, industriels…) et l’occupation de la terre.
Les communautés relèvent avec regret leur impuissance devant les transactions (concession, bail, vente…) foncières pendant lesquelles, soit elles sont trompées soit elles sont réduites au silence.
Alfred Brownell, déclarait : « pas besoin de fusils pour tuer les gens. Quand vous privez un village de nourriture en détruisant les terres agricoles et les cultures de rapport, vous affamez ses habitants […] Cela doit cesser. Nos populations ont le droit de survivre. Personne ne devrait les priver de leurs terres.» Au vu de l’importance de la terre pour la monde rural, en considérant les défis de la conservation de la biodiversité, les responsables de la réforme foncière en cours devront accorder une oreille attentive aux cris des communautés rurales et autochtones.
TENE Magloire, le rural. Info