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LES CONSEQUENCES DE L’EXPLOITATION SEMI-MECANISEE DE L’OR ET DES MINES SUR LES POPULATIONS RIVERAINES AU CAMEROUN

        OrDans son rapport sur l’exploitation semi-mécanisée de l’or et des mines au Cameroun, le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) a mis en exergue les nombreux problèmes que soulève l’activité extractive au Cameroun.

          En effet, dans ce rapport l’ONG CED indique que, l’activité minière se développe au Cameroun avec une absence de contrôle de l’Etat impliquant un manque à gagner important pour l’Etat, les communes minières et les communautés. La raison en est que : « les volumes d’or déclarés comme étant produits au Cameroun sont finalement anormalement bas, tout comme les impôts perçus au Cameroun. On peut donc conclure que l’or camerounais profite plus aux sociétés qui le produisent qu’à l’État et aux populations ».

              Par la suite, ce rapport indique que l’exploitation de l’or au Cameroun constitue une menace pour l’équilibre humain, social, culturel et environnemental des communautés riveraines. Car, « à la lumière des pratiques sur le terrain, il est évident que les communautés riveraines des chantiers d’exploitation minière sont marginalisées dans les processus conduisant à l’attribution des titres miniers, dans l’exploitation et dans le partage des revenus tirés de l’or qui gît dans le sous-sol de leur terroir ». Aussi, « leurs droits sur la terre et les ressources, de même que leurs droits humains, sont fortement affectés par l’exploitation de l’or ». Ce qui n’est pas sans conséquence sur ces dernières.

             Dans ce rapport, huit principaux impacts de l’exploitation sémi-mécanisée de l’or au Cameroun sont mis en exergues. La première c’est la dégradation de l’environnement qui se traduit par la destruction des forêts, la pollution des cours d’eau, la déviation des cours de rivières, la destruction de la biodiversité animale et la dégradation des terres cultivables et des espaces agro-pastoraux. La deuxième conséquence de l’exploitation minière dans ce rapport porte sur l’accaparement des terres et des ressources communautaires parce que, « les titres miniers sont octroyés sur les terroirs traditionnels des communautés et familles, sans consultation, ni dédommagement des principaux utilisateurs ». De plus, selon ce rapport le développement des conflits, la déscolarisation et la déperdition scolaire sont également des conséquences de l’exploitation minière.  En effet, « dans la plupart des communautés riveraines à l’exploitation minière, les enfants abandonnent l’école pour les activités aurifères. A l’école publique Bétaré-Oya dans le Département du Lom-et-Djerem par exemple, le taux moyen d’abandon des classes s’est élevé à 91% au cours de l’année scolaire 2020-2021. La vie est construite autour de l’or, et la scolarité est délaissée, privant ainsi les enfants d’un avenir hors des trous d’exploitation ». S’agissant du travail des enfants, ce rapport indique que « le travail des enfants est devenu une réalité dans les « villages miniers ». Ils sont âgés entre 3 et 13 ans, mais pourtant déjà présents dans les trous abandonnés par les entreprises, à la recherche de l’or ». Les violences sexuelles sur les femmes et la jeune fille et les disséminations de MST et IST constituent également les impacts que l’exploitation des mines peut avoir sur les populations riveraines. En fait d’après ce rapport de l’ONG CED, « les plus impliquées sont âgées entre 9 et 20 ans. Il s’ensuit une dissémination de maladies sexuellement transmissibles, de grossesses non désirées, mais aussi des violences sexuelles, dégradant à la fois la santé physique et émotionnelle de ces filles et adolescentes ». Pour terminer, comme conséquences sur les populations riveraines, le rapport du CED parle des pertes en vie humaine et l’absence de retombées pour les communautés. Pour ce qui est de l’absence de retombée, elle se traduit par le fait que « l’exploitation de l’or ne rapporte en l’état actuel, que très peu aux communautés riveraines. Il n’y a pas d’écoles pour encourager le peu d’enfants qui souhaitent rester sur les bancs. Pas de structures de santé, pas de points d’eau aménagés pour pallier la pollution des rivières. Au contraire, la qualité de vie se dégrade ».

        Fort des conséquences ci-dessus présentées, l’ONG CED a fait dans ce rapport des recommandations au gouvernement du Cameroun et aux entreprises extractives. A l’Etat du Cameroun, l’ONG CED fait dans ce rapport six recommandations parmi lesquelles, celle de « suspendre toutes les attributions de titres miniers pour l’exploitation de la petite mine et de la mine artisanale semi-mécanisée sur toute l’étendue du territoire national », « conduire, de toute urgence, un audit de tous les chantiers semi mécanisés d’exploitation d’or au Cameroun, pour en comprendre le fonctionnement et comprendre les impacts, positifs et négatifs, sur l’économie nationale et locale, sur les communautés et sur l’environnement », « conduire une étude sur l’exploitation de l’or par les entreprises chinoises, afin de comprendre qu’elle est la destination de l’or produit par ces entreprises » et « améliorer la cohérence des stratégies, législations et pratiques dans les secteurs minier, foncier et forestier, afin de garantir la durabilité des moyens de subsistance et de minimiser les impacts environnementaux » pour ne citer que ceux-là.

          Aux entreprises exploitantes, l’ONG CED recommande de « se conformer à la législation nationale et aux engagements internationaux de l’Etat, notamment en ce qui concerne le respect scrupuleux des droits de l’Homme dans la conduite de leurs opérations », « mettre à la disposition des autorités administratives et traditionnelles toutes les informations justifiant leur présence légale sur les sites qu’elles exploitent, et publier les chiffres de leur production et de leurs ventes » et de « procéder à une indemnisation immédiate de toutes les personnes victimes d’accidents résultant de leurs activités, ou des ayants droit de ces victimes ».

            Par TANKEU GAPET Sandrine,

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