Si les protestataires parlent de « marginalisation », l’on ne saurait ignorer que le véritable problème que pose la crise anglophone est un problème de développement local : l’absence des infrastructures sociales de base (écoles, hôpitaux, routes…), l’incapacité des populations d’accéder à l’eau potable, à l’électricité et aux soins de santé. Or les différentes régions de notre pays possèdent des richesses naturelles pouvant servir à leur développement.
Dans les régions anglophones, au Sud Ouest par exemple, dans la localité de Tombel, l’exploitation de la carrière de pouzzolane sur 27 hectares par l’entreprise Dangoté est une source de revenus. Même si jusqu’à lors le montant de la redevance n’a pas encore été révélé. Néanmoins il est prévu dans les textes que 25% des revenus issus de l’exploitation des carrières soient affectés pour le développement des localités. Mais, à cause de la mal gouvernance les populations demeurent toujours dans la pauvreté.
Au Nord-Ouest, une agro-industrie comme la Cameroon Tea Estate (CTE), plantation de thé, verse chaque année une importante somme dans le cadre des redevances foncière pour le développement de la localité. Mais le constat est amère lorsque nous voyons la misère dans la quelle baignent les populations.
Même dans les autres régions du pays il existe des opportunités de développement local. Par exemple, les revenus issus de l’exploitation du bois dans la région de l’Est dans la période pour la période allant de 2000 à 2016 sont estimés à 198 042 045 804 (cent quatre vingt dix huit milliards quarante deux millions quarante cinq mille huit cent quatre) FCFA Pendant cette même période, les communes et les communautés riveraines ont reçu 50% de cet argent soit 99 021 022 902 (quatre vingt dix neuf milliards vingt et un millions vingt deux mille neuf cent deux) FCFA. Cet argent versé aux communes et aux communautés est destiné à la réalisation des projets sociaux et à l’amélioration les conditions de vies des populations qui vivent dans ces communautés. Mais, les populations de l’Est continuent de vivre dans la misère. Depuis 2015 d’ailleurs, le ministre des finances a détourné une partie de la redevance forestière annuelle destinée au développement des communautés forestières au profit des agents des impôts. Les 10% de la RFA des communautés ont été saucissonnés. 5 % de ces revenus sont affectés aux agents des impôts.
Dans la région de l’Est toujours, d’après les études menées par l’ONG foder, entre 2012 et 2015, les revenus issus de l’exploitation de l’or était estimé à 774 239 249 (sept cent soixante quatorze millions deux cent trente neuf mille deux cent quarante neuf) FCFA. Mais les conditions des populations ne se sont pas améliorées au fil du temps. On note l’absence des points d’eau potable, des centres de santé…
Dans la région du nord, plus précisément à Figuil, le projet ROCAGLIA de CIMENCAM a versé 279 338 382 (deux cent soixante dix neuf millions trois cent trente huit mille trois cent quatre vingt deux mille) FCFA de 2009 à 2012, et continue d’ailleurs à le faire. Mais le développement dans cette localité est pratiquement inexistant.
La région de l’Adamaoua, est la 2ème région la plus riche en ressources minières. On y exploite l’or, le diamant saphir, la bauxite, l’étain, le wolfram. L’exploitation de ces ressources génère des revenus qui ne sont pas encore connus. La question sur le chemin qu’empruntent ces revenus demeure, tandis que les populations réclament de meilleures conditions de vie.
Comment pouvons-nous comprendre qu’avec les revenus d’au moins 4.2 milliards par an que procurent les péages, une route comme celle de Yaoundé-Douala, s’affaisse régulièrement ? A quoi sert donc l’argent de ces péages ? Il s’agit ici véritablement d’un problème de mal gouvernance.
Au regard de ces exemples, il devient claire que le problème n’est donc pas l’absence des revenus, mais la mauvaise gestion des revenus issus de l’exploitation de ressources naturelles par les autorités. Ce type de gestion révolte le peuple, comme on le voit avec la crise anglophone. Pendant que certains détournent les biens publics pour mener une vie de luxe d’autres vivent dans la misère. De pareilles injustices qui enrichissent les fonctionnaires de Yaoundé, certains élus locaux et appauvrissent les populations sont à l’origine courroux des anglophones et de bien autres camerounais sur l’ensemble du territoire Camerounais.
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