Nouvelle expression, 23 Octobre
La population et les autorités ne s’accordent guère sur sa mise en œuvre. En toile de fond, la question des indemnisations.
La construction par la commune de Bangangté d’un complexe des toilettes publiques à Bangoua, précisément à Kamna, dans le cadre du projet d’alimentation en eau et assainissement en milieu semi-urbain (Paepa-Msu), cofinancé par plusieurs partenaires au développement dont la banque africaine de développement (Bad), l’Etat du Cameroun via le Feicom, est bloquée depuis quelques mois environ. La raison, les éclats de voix qui ont surgi pendant sa mise en œuvre. D’après des informations glanées auprès des populations locales, le chef du groupement Bangoua, pour permettre la réalisation de ce projet, aurait tenté de procéder par des déguerpissements forcés. Mécontente, la population menacée d’expulsion, n’est pas restée les bras croisés. « Le 7 aout 2015, alors que j’étais à Bafoussam pour des raisons de santé, mes enfants ont été surpris de la visite de Sa Majesté Djambou Tchatchouang Annick Julio, chef supérieur Bangoua et plusieurs autres personnes dont le technicien du chantier avec des matériels, ainsi que des gendarmes qui sont rentrés dans notre concession », se plaint une riveraine du lieu d’implantation du projet, dans une correspondance adressée au sous-préfet de Bangangté le 11 aout dernier. «Sans nous dire grand-chose, ils ont entrepris des destructions, notamment les plantes, les bananiers, macabo, bref l’essentiel de ce qui constitue ma ration alimentaire et celle de mes enfants, avant d’y faire des fouille pour la fondation. Ceci tout autour de l’une de nos cases existantes qui est menacée de destruction», poursuit-elle. Loin de vouloir s’opposer à un quelconque projet, cette octogénaire s’offusque cependant de ne n’avoir été associé ni de près, ni de loin dans les pourparlers au départ. Et s’étonne de la démarche quelque peu dictatoriale du chef. « Le 14 aout 2014, répondant à une convocation de Sa Majesté, une délégation s’est rendue à la chefferie au nom de la famille. Y étant, sa majesté a fait savoir qu’il voulait faire comprendre à la famille de laisser les travaux s’effectuer», informe le porte-parole de cette famille qui confie que c’est à cette occasion qu’ils ont formellement eu vent de ce qui voulait se faire sur leur terrain. Malgré le non catégorique des membres de cette famille, plusieurs médiateurs tenteront en vain de les convaincre avant que la commune de Bangangté ne consente finalement à travers une lettre signée le 18 aout dernier, solliciter la collaboration de cette famille.
Acharnement?
Alors que les négociations entre la famille et la mairie étaient latentes, une descente du sous-préfet de Bangangté sur la parcelle objet de convoitise est venue tout compromettre. Davantage, elle a conforté cette famille à l’idée qu’elle est victime d’un acharnement. Elle mentionne clairement dans une plainte adressée au préfet du Ndé le 25 septembre dernier, qu’au cours de sa descente, le chef de terre a indiqué qu’il venait ordonner sans autre forme de procès, la destruction de la maison qui se trouve sur le site sollicité par la commune. Pour l’heure, les travaux sont aux arrêts. Et la famille menacée de déguerpissement se dit prête à se battre bec et ongle pour que lumière soit faite et que les procédures légales en matière de déguerpissement soient respectées.
Vivien Tonfack, de retour de Kamna