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LA SOCAPALM POLLUE AUX PESTICIDES INTERDITS KRIBI

Socapalm-1170x480Le quotidien de l’économie, 12 septembre 2015

Des mouches à n’en plus finir. C’est le premier constat que fait le visiteur qui se rend à Kilombo, localité située à 30 minutes de Kribi en ce début du mois de septembre 2015. Les habitants rencontrés à ce lieu ne semblent plus se soucier de ces insectes qui envahissent même les aliments qu’ils s’apprêtent à manger.

En face du campement où logent ces pygmées Bagyeli s’étend une vaste pépinière de palmiers d’environ 5 hectares, propriété de la Société camerounaise de palmeraies (Socapalm). « Il n’y a pas les mouches de l’autre côté parce qu’ils ont pulvérisé des insecticides », explique Solange Ngo Bakoume. La riveraine et un groupe de villageois conduisent alors le journaliste à la rivière baptisée Bakanda, où des ouvriers de Socapalm ont installé une pompe électromécanique d’arrosage en aval de la pépinière de palmiers. Solange Ngo Bakoume, porte-parole de la communauté, explique alors comment après avoir arrosé la pépinière avec des pesticides et fongicides, l’eau imbibée de ces produits revient naturellement se jeter dans la rivière Bakanda. Avec tout ce que cela comporte comme éléments toxiques pour l’homme et les animaux. « C’est ici que nous puisons l’eau à boire. Un peu plus bas, on se lave et on lave nos habits et les assiettes. Comme on n’a pas le choix, on utilise cette eau malgré les produits toxiques qui s’y trouvent », raconte le porte-voix des Bagyeli.
Naïvement, un employé de la Socapalm confirme : « C’est avec cette pompe qu’on pulvérise la pépinière ». « Est-ce que vous utilisez des produits toxiques ? », s’enquiert le journaliste. « Oui. C’est stocké au magasin. Le Manebe n’a pas besoin de mélange. Par contre, on doit mélanger Cigogne et Anazole », explique le personnel. A la question de savoir s’il sait que ces produits reviennent se jeter dans la rivière Bakanda, il répond : « Oui. Mais moi je n’habite pas ici ». En consultant la dernière liste disponible des pesticides homologués au Cameroun au 31 juillet 2013 par le ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader), l’on note que le Manebe est considéré comme un produit « peu dangereux ». www.237online.com Seulement, parmi les sept pesticides interdits par le Comité des pesticides d’Afrique centrale (CPAC), figure en bonne place le « Manebe ».
Par ailleurs, selon le groupe scientifique américain, International Formulae Group, chez certains animaux et l’Homme, ce pesticide est généralement absorbé par voies buccale et cutanée. Il s’accumule principalement dans la thyroïde, les reins et le cœur, où il perturbe non seulement leurs diverses fonctions, mais cause aussi des paralysies respiratoires pouvant conduire à la mort. A ce propos, une autre habitante de Kilombo raconte que depuis des années, la communauté Bagyeli qui, au moment de son installation, était constituée de 50 personnes a régressé à 35 habitants. Les morts se sont enchaînés à cause des maladies dont les symptômes ressemblent curieusement aux effets secondaires du Manebe. La liste des pesticides homologués du Minader reste muette sur les pesticides Anazone et Cigogne. Pour le cas de ce dernier produit agrochimique, c’est plutôt en Côte d’ivoire qu’on retrouve son homologation par la direction générale des productions et de la sécurité alimentaire du ministère ivoirien de l’Agriculture.

Socapalm est le premier producteur d’huile de palme brute du Cameroun et dispose de plus de 32 000 hectares de plantations de palmiers et d’une capacité de traitement de 150 tonnes de régimes par heure. Dans la vague des privatisations, l’Etat camerounais a cédé, le 30 juin 2000, une grande partie de ses actions à Palmeraies du Cameroun (Palmcam), faisant de cette dernière l’actionnaire majoritaire de Socapalm avec 70% des parts, l’Etat restant actionnaire à hauteur de 27%.

 

SYLVAIN ANDZONGO

 

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