Pour Monsieur ABBE, Président du Réseau de Foresterie Communautaire (RFC), la mauvaise gestion de la RFA a aussi cours dans les communes. Par conséquent, il faut résoudre le problème dans sa globalité.
Quelle appréciation faites-vous de la loi de finances 2015 qui a exclu les communautés riveraines des forêts de la répartition de la RFA ?
C’est une décision à la limite assassine; Une mauvaise solution à un vrai problème. Par cette décision nous ne voyons plus la place des communautés dans le secteur forestier. Cette mesure est difficile à comprendre, dans la mesure où pendant des années nous nous sommes battus pour dénoncer l’iniquité qui prévalait dans la répartition de la RFA et à promouvoir la foresterie communautaire pour l’amélioration des conditions de vie des communautés forestières.
Les communautés ne sont-elles pas indexées pour leur mauvaise gestion?
En réalité nous avons fait le tour des régions forestières pour nous rendre compte que ce ne sont pas non plus les communes qui gèrent mieux. Dans les régions forestières que nous connaissons d’expérience, même quand on a reversé la RFA il n’y a pas d’électricité, ni d’eau, n’en parlons pas d’autres infrastructures sociales. La commune elle-même n’arrive pas à gérer. Il faut mettre aujourd’hui chaque acteur face à ses responsabilités. Nous avons fait des propositions avant-gardistes pour mieux structurer les communautés pour qu’elles gèrent elles-mêmes. Parce que c’est à cela qu’il faut arriver ; il faut emmener les communautés à gérer durablement leurs revenus.
Taxe d’abattage imposée aux FC, RFA supprimée aux CVR. Finalement, que reste-t-il aux communautés de l’exploitation des forêts ?
C’est un peu trop. Si on impose la taxe d’abattage et qu’au même moment on en vienne à supprimer la RFA, les communautés forestières sont lésées; elles qui sont au centre de tout développement forestier parce qu’elles sont quand même tributaires de la ressource.
La taxe d’abattage va être payée par qui ? Ces communautés qui ne réussissent même pas déjà à travailler en forêt, couper et vendre du bois? Je me rends même compte qu’à la limite, nous risquons d’avoir des FC qui ferment ou qui ne pourront plus bien fonctionner. Je ne pense pas que ce soit une mesure qui va prospérer.
Que représente réellement la RFA pour les riverains des forêts et leurs localités ?
En réalité, les communautés riveraines des exploitations forestières ont été informées depuis longtemps que la RFA était le revenu qu’on leur redistribuait dans le cadre des revenus issus de l’exploitation des ressources forestières. Donc la RFA est perçue par les communautés riveraines comme un droit. Si elle est supprimée c’est tout un problème.
Quelles peuvent-être les conséquences de l’instauration de la taxe d’abattage pour la viabilité de l’exploitation des forêts communautaires ?
Personnellement je pense que si cette taxe d’abattage était systématiquement imposée ceci aurait des conséquences énormes. Est-ce que les opérateurs iraient encore plus facilement vers les communautés si ces coûts sont importants ? De toute façon c’est une mesure qui va peut-être élargir l’assiette fiscale de L’État, dans le cas où ces opérateurs payent. Mais seulement ceci va aussi se faire au détriment des communautés. Les opérateurs seraient obligés de diminuer la part des communautés tout simplement parce que sur le terrain, l’exploitation en régie n’est pas très répandue sauf dans le cas où les communautés sont encadrées.
La voix du paysan, juillet 2016. Propos recueillis par Ghislain FOMOU