Sa Majesté Aleokol Dieudonné, Chef village Ntam II par Lomié réagit à la suppression de la RFA.
Quelle a été l’utilité de la RFA dans votre communauté ?
A Ntam II, la RFA a permis de construire un foyer communautaire, un point de captage d’eau. Et chaque année, elle aidait à payer les enseignants vacataires des écoles primaires de Kongo et d’Achip II. Parallèlement, cet argent nous permettait de régler les frais d’examen des élèves du CM2.
Comment avez-vous accueilli la suppression de la RFA aux communautés villageoises riveraines des forêts ?
Dans un premier temps nous n’avions pas cru à cette décision parce qu’elle est d’abord contraire à ce que nous avons pensé lorsque la RFA des communautés a été instaurée. Cette décision ne fait pas du tout le bonheur de nos populations.
Cela fait bientôt deux ans que vous ne percevez plus de RFA. Ressentez-vous des manquements aujourd’hui ?
Les problèmes sont légion. Prenons le volet très sensible qui est l’éducation. Lorsque nous recevions notre quote-part de la RFA, nous prenions en charge des enseignants vacataires recrutés par les parents qui étaient en complément d’effectif dans nos écoles. Avec la suppression, ces enseignants ont été obligés de déserter les écoles. Si dans un village les enfants ne vont pas à l’école, il n’y a aucun avenir meilleur pour ce village.
Existait-il des problèmes dans la gestion de cet argent ?
Des malentendus sur le choix des projets au sein des villages du même secteur ne manquaient pas. Avant, ces problèmes étaient facilement résolus et nos projets étaient financés. Mais après, et même avant la suppression de la RFA, nous avons fait des plans d’investissement qui n’ont jamais été financés, parce que la mairie nous imposait des projets et engageait des entrepreneurs qui venaient faire signer des papiers à certains à notre insu, ce qui est regrettable.
Pensez-vous à une solution pour cette suppression ?
Je pense qu’il faut d’abord restaurer la RFA et ensuite prendre des mesures pour mieux gérer cet argent en donnant plus de pouvoir de gestion de cet argent aux communautés.
Propos recueillis par Ghislain FOMOU, voix du paysan, juillet 2016