L’Arrêté N°000218/D/MINMIDT/SG/DM/SDAM/SSCSED/IMA du 23 juillet 2024, établissant un protocole harmonisé des tirs de mines sur l’ensemble du territoire national, émis par le Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique, résulte d’un long processus initié en 2021 par l’ONG Earth Cameroon, qui a sensibilisé le ministère compétent sur la nécessité d’adopter un cadre juridique régulant les opérations des tirs de mines dans les sites de carrières industrielles (Rapport 2021 et ensuite Rapport 2022/2023).
En effet, les opérations de tirs de mines dans les sites de carrières « industrielles » suscitaient une vive contestation au sein des populations riveraines. À chaque détonation, les violentes vibrations qui en résultaient affectaient non seulement leurs infrastructures, mais également leur santé et leur environnement. Les forages d’eau étaient ébranlés, les habitations fragilisées, certaines allant jusqu’à s’effondrer sous l’effet des violentes secousses. Ces perturbations avaient des répercussions majeures sur la qualité de vie des riverains, les plongeant dans une insécurité constante.
En outre, les nuisances sonores et les risques de projection de débris augmentaient le sentiment de vulnérabilité parmi les habitants, rendant ainsi impérative l’adoption d’un cadre réglementaire strict pour encadrer ces pratiques. De plus, les patients hospitalisés étaient exposés à des risques accrus de crises cardiaques en raison de la brutalité des détonations, aggravant ainsi les préoccupations sanitaires liées à ces opérations. Face à ces perturbations qui mettaient en mal la paix sociale dans les localités exploitées, un cadre réglementaire strict s’est avéré nécessaire.
À la lumière de ces constats et des nombreuses revendications des populations riveraines soumises à l’attention des autorités compétentes, le texte a été finalement adopté 2024. Que peut-on en retenir ?
Le texte est établi pour réguler principalement les opérations de tirs de mines dans les carrières industrielles (articles 1 et 3). L’arrêté adopté distingue les sites d’exploitation urbaine et périurbaine des sites éloignés des agglomérations et impose des protocoles spécifiques, incluant la soumission des plans de tir prévisionnels, la limitation du nombre et de la profondeur des trous de mines, et l’utilisation de systèmes d’amorçage spécifiques.
En ce qui concerne les carrières industrielles situées dans les zones urbaines et périurbaines, les opérations de tirs de mines doivent se conformer au protocole suivant :
- Soumettre à l’équipe de supervision du MINMIDT commise à cette fin, soixante-douze (72) heures avant le début des opérations, les plans de tir prévisionnels en vue de procéder à la vérification in situ des paramètres exacts du tir en préparation (nombre réel de trous, profondeur moyenne réelle, orientation du tir, artifices de mise à feu employés, etc.)
- Limiter le nombre de trous de mine à quatre-vingt (80) ;
- Forer des trous de mines de diamètre inférieur ou égal à quatre-vingt-dix (90) ;
- Limiter la profondeur des trous de mines à quinze (15) mètres maximum ;
- Utiliser exclusivement les systèmes d’amorçage Non-Electrique (NONEL) pour l’amorçage des explosifs et le raccordement en surface du circuit de minage.
- Ne pas utiliser les cordeaux détonants pour le raccordement en surface du circuit de minage.
L’article 2 de ce texte indique qu’il est strictement interdit l’exécution simultanée d’un tir d’abattage primaire et d’un tir d’abattage secondaire.
Pour ce qui est des carrières industrielles situées loin des agglomérations, les opérations de tirs de mines doivent se conformer au protocole suivant :
- Soumettre à l’équipe de supervision du MINMIDT commise à cette fin, soixante-douze (72) heures avant le début des opérations, les plans de tir prévisionnels en vue de procéder à la vérification in situ des paramètres exacts du tir en préparation (nombre réel de trous, profondeur moyenne réelle, orientation du tir, artifices de mise à feu employés, etc.)
- Limiter le nombre de trous de mine à cent-vingt (120) ;
- Limiter la profondeur des trous de mines à vingt (20) mètres maximum ;
- Utiliser les systèmes d’amorçage électrique ou Non-Electrique (NONEL) pour l’amorçage des explosifs et le raccordement en surface du circuit de minage.
Dans les deux cas, la fin des opérations de tirs de mines est fixée à dix-sept heures (17h00) le jour prévu pour l’exécution du tir de mines.
L’article 5 du texte prévoit la suspension des opérations de tir de mines, voire la suspension des activités d’exploitation, pour tout opérateur qui ne se conforme pas à cette disposition.
Le texte nous informe également que la Direction des Mines, la Brigade Nationale de Contrôle des Activités Minières, ainsi que les Délégués Régionaux et Départementaux du MINMIDT sont chargés de veiller à l’application du présent arrêté.
Cet arrêté du Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique au Cameroun marque une avancée majeure dans la régulation des tirs de mines dans les carrières de pierres. C’est une étape importante vers une exploitation minière plus responsable et respectueuse du bien-être des communautés locales.
Alain DJAWA WALIDJO./