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LE BARRAGE DE BAMENDJING : QUAND L’ETAT FERME LES PORTES AUX REVENDICATIONS LEGITIMES DES COMMUNAUTES RIVERAINES.

IMG_20240201_073940Le barrage de retenue d’eau de Bamendjing suscite de vives inquiétudes au sein des communautés riveraines. Depuis son édification, ce barrage, d’une importance capitale pour la régulation du niveau d’eau du fleuve Sanaga en vue de stabiliser la production d’électricité du barrage hydroélectrique d’Edéa, a des répercussions significatives sur l’environnement physique, social et économique des populations. Ces dernières sont sérieusement affectées par les conséquences néfastes de cette infrastructure.

En effet, les opérations du barrage perturbent considérablement les moyens de subsistance durables des populations riveraines, qui s’articulent autour de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Le manque d’informations concernant le calendrier d’ouverture et de fermeture du barrage entraîne des inondations et la destruction des champs. De plus, il isole les villages en submergeant les routes, rendant ainsi la communication et la liaison avec d’autres villages, qui étaient autrefois des débouchés pour leurs produits agropastoraux et de pêche, impossibles. La prolifération des maladies hydriques, dont les vecteurs se développent dans l’eau, constitue un autre problème de santé. En outre, les activités de pêche sont désormais réservées exclusivement aux professionnels, alors qu’auparavant, elles étaient ouvertes à tous. En cas de fermeture du barrage, la rareté des poissons aggrave encore la situation. Malheureusement, malgré l’exploitation de leurs ressources, le village ne bénéficie pas de l’électricité produite.

Pour illustrer ces préoccupations, un personnel de santé du CSI de Bamendjing explique : « Sur la santé des populations qui vivent à proximité du barrage, on peut dire que le barrage impacte parce que les principaux lieux d’incubation sont les eaux stagnantes du moment où ils vivent à proximité de ces eaux. Pour les maladies telles l’onchocercose, en fait, toutes les maladies qu’on classe dans le grand group des maladies tropicales négligées, on peut dire oui. Le rapport entre le barrage et la cécité est aussi avéré. Les maladies telles que l’onchocercose et la bilharziose, si elles ne sont pas traitées peuvent attaquer les yeux ».

Le chef supérieur des Bamendjing se confie : « On a le barrage, on n’a pas de l’eau, on n’a pas de lumière, on a seulement les maladies. Voilà ce que le barrage nous a apporté. En conclusion, nous souffrons énormément de ce barrage. S’il n’y avait pas le barrage, on devrait avoir nos terres, s’il n’y avait pas le barrage, je ne devrais pas avoir beaucoup de problème de cécité, les aveugles, les malvoyants, le paludisme. Si vous allez au Centre de santé intégré, vous allez voir labas que c’est le paludisme la principale maladie des populations »

Un autre chef du troisième degré ajoute : « mon chef, il faut le dire directement. Les maladies hydriques, les gens se plaignent dans les villages, les moustiques, le paludisme, les gens se plaignent dans les villages, l’obscurité ».

Face à ces préoccupations légitimes, les populations entreprennent des plaidoyers pour inciter le gouvernement à réagir en adoptant des mesures telles que : le partage d’informations sur le calendrier d’ouverture et de fermeture du barrage, le traitement de l’eau du barrage, la sensibilisation quant aux comportements à adopter face aux maladies hydriques, la vaccination des populations riveraines, l’électrification du village, l’équipement du seul et unique centre de santé intégré pour répondre aux urgences, etc.

Cependant, le gouvernement a choisi la voie du silence, en fermant la porte à toute revendication, comme l’a mentionné l’autorité responsable du barrage : « Les habitants ont exprimé plusieurs demandes, notamment l’électrification des villages environnants, l’accès à l’eau potable, le traitement de l’eau pour prévenir la multiplication des insectes nuisibles, un centre de santé. Cependant, l’État a clairement indiqué qu’il ne pouvait pas répondre à ces préoccupations. De plus, leur rassemblement a été dispersé par les éléments du BIR, (…) ».

Par Alain DJAWA WALIDJO

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