Home / Environnement / LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE ET LES UFA DANS LE DJA CÔTE ANTENNE EST : UNE ATTEINTE AUX DROITS DES COMMUNAUTES AUTOCHTONES

LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE ET LES UFA DANS LE DJA CÔTE ANTENNE EST : UNE ATTEINTE AUX DROITS DES COMMUNAUTES AUTOCHTONES

Les-moyens-d-existence-des-populations-dans-l-interzone-reserve-de-biosphere-du-dja-parc-national27Selon l’Article 26 alinéa (1) de la Loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, « L’acte de classement d’une forêt domaniale tient compte de l’environnement social des populations autochtones qui gardent leurs droits normaux d’usage. Toutefois ces droits peuvent être limités s’ils sont contraires aux objectifs assignés à ladite forêt. Dans ce dernier cas, les populations autochtones bénéficient d’une compensation selon des modalités fixées par décret ». Au sens du décret de classement N°2007/1029/PM du 09 Juillet 2007, la Réserve de Faune du Dja (RFD) est la propriété de l’Etat dont la gestion a été confié au Ministère des forêts et de la faune qui, sur le plan local est représenté par le service de la conservation (SC) basé à Somalomo. La réserve est découpée  en quatre antennes dont l’une, appelée antenne Est, est basée à Lomié et placée sous la responsabilité d’un chef d’antenne.

Selon le Draft du plan d’aménagement de la RFD de 2018 à 2022, la périphérie de la RFD comporte neuf Unités Forestières d’Aménagement dont trois sont dans la zone Sud-Est de la réserve. Selon la législation forestière camerounaise, les Unités Forestières d’Aménagement (UFA) sont orientées vers la production de grumes, mais sont des forêts permanentes qui ne peuvent pas être converties en des formes d’utilisation des terres autres que la forêt. Ces UFA doivent être gérées suivant des plans d’aménagement durable élaborés à cet effet.

L’antenne Est de la réserve est donc repartie entre les UFA, les espaces d’activités communautaires y compris les habitats, les forêts communales et la réserve elle-même. L’observation d’une responsable d’une association basée à Lomié qui fait dans l’observation indépendante et externe de la forêt, la valorisation des produits forestiers non-lignés, la valorisation des savoir-faire traditionnels, la culture, la valorisation de la pharmacopée, l’éducation, l’alphabétisation, fait état de ce que : « le projet de conservation et les UFA ont réduit à plus de 90% l’espace d’activités des populations autochtones (Baka’a surtout et les Bantu aussi) qui avant la conservation et les UFA n’avaient pas de limites en forêt et pouvaient se déplacer d’un lieu à un autre. Aujourd’hui, tu fais un pas on te dit que tu es dans UFA, tu es dans la réserve, tu es dans la forêt communale (…). Les activités d’autonomisations ne sont pas mises en œuvre. On vient, on fait des sensibilisations à un projet de formation agropastorale et après on ne voit plus personne. On initie les choses et on ne les suit pas. Pourtant les restrictions sont de plus en plus croissances. […] pour dire vrai, les Baka’a ne sont plus à l’aise ».

En effet, le projet de conservation de la biodiversité et de les UFA privent les populations autochtones de leurs droits parmi lesquels :

  • Le droit d’usage coutumier qui se manifeste par la restriction de ce droit, l’interdiction d’accès aux UFA, la fouille et la saisie des produits non-ligneux pour ceux qui y entrent pour des besoins de subsistance ;
  • Les droits fonciers qui se manifestent par l’accaparement illicite des terres généralement par les UFA, l’interdiction d’accès à la terres et aux espaces jadis espaces communautaires, l’expulsion de la réserve et des UFA ;
  • Le droit à la culture. En effet la pratique culturelle pour les autochtones de la zone de l’antenne Est se fait pour la plupart en forêt. Le quadrillage de la boucle du Dja par tous espaces réglementés empêchent surtout les Baka’a de se mouvoir dans la forêt.
  • Le droit au développement. Ceci, les populations autochtones n’ayant pas d’espaces pour les activités socioéconomiques, croupissent dans la misère et l’isolement ;
  • La non prise en compte du consentement libre, informé et préalable (CLIP) pour tout projet d’exploitation des ressources naturelles ;
  • L’accès limité aux bénéfices générés par l’exploitation des ressources de leur environnent immédiat ;
  • L’accès limité à la citoyenneté, à l’éducation, à la santé et à d’autres services sociaux de base ;
  • L’exploitation de leurs travails par d’autres communautés locales.

 

Par Alain DJAWA WALIDJO

 

About Earth Cameroon

Check Also

IMG_20240201_073603_17_18CS

BARRAGE DE BAMENDJING : QUAND L’ELECTRICITE CACHE UN LOURD TRIBUT POUR LES COMMUNAUTES RIVERAINES.

« Dit-on souvent : on ne peut pas faire d’omelette sans casser d’œufs », répond l’une des autorités ...

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>