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GESTION ET EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES AU CAMEROUN: ENTRE MANIPULATION ET INFLUENCE  

 

1136_deforestationMalgré l’engagement du Cameroun à respecter les normes internationales en matière de gestion, d’exploitation durable des ressources naturelles, malgré l’adoption des textes juridiques nationaux pour réglementer le secteur, le lobbying et le trafic d’influence font la loi dans ces activités au détriment des réglementations en vigueur, du respect des droits de populations riveraines et de l’intérêt supérieur de la nation camerounaise.

Le rapport d’enquête auprès des Organisation de la société civile (OSC) camerounaise fait état de ce que le respect des textes juridiques camerounais en matière d’exploitation des ressources naturelles fait l’objet d’une régression depuis 2015. En effet, l’année 2015 marque le début de la démobilisation des OSC camerounaises autour de l’Accord de Partenariat Volontaire (APV-FLEGT) suite aux désaccords entre les principales parties prenantes signataires de l’accord. Cette situation a non seulement entrainé la démobilisation des OSC qui n’arrivent plus à attaquer ensemble les cas de violation de la réglementation nationale, mais aussi par « des libertés que certains agents de l’administration publique compétente se donnent en matière de gestion des ressources naturelles » pour reprendre l’expression du Coordonnateur du programme Gouvernance forestière au Sein du SAILD.

Affaiblies dans leurs actions, les OSC n’arrivent plus à assurer le suivi du respect des droits. Ce qui a entrainé selon le coordonnateur d’une ONG locale, la résurgence des réseaux mafieux du lobbying et du trafic d’influence composés des secrétaires généraux, des ministres, des agents des administrations publiques centrales et déconcentrées, des élites politiques, des maires et des hommes d’affaires dont le but est de rendre opaque la gestion des ressources naturelles, d’encourager l’illégalité et la captation des différentes rentes issues de ces exploitations au détriment de l’intérêt supérieur de l’État et des populations riveraines. Ces réseaux mafieux agissent aussi en amont pour bloquer toutes réformes des lois en matière de gestion et d’exploitation des ressources naturelles.

Le rapport d’enquête auprès des OSC camerounaises fait état de ce que le respect des droits a fortement régressé à tous les niveaux au cours de ces dernières années. Cette régression va du respect des processus d’attributions des concessions forestières, de la procédure de classement et de déclassement des forêts, des octrois des autorisations et des permis d’exploitation minière, passant par le respect des normes qui régissent les exploitations proprement dites, à l’accès à l’information, aux bénéfices, aux espaces forestiers et fonciers traditionnels, à la protection de l’environnement.  C’est ce qui explique l’illégalité qui entache l’exploitation des ressources naturelles sur l’ensemble du territoire national. Pour l’année 2021, les cris à la justice des communautés riveraines se sont fait entendre dans tout le territoire camerounais. À Campo Ma’an, les communautés riveraines au projet agro-industriel de CAMVERT ont dénoncé l’irrégularité à tous les niveaux. Le rapport Green-Peace et Green Development Advocates (GDA) fait état de ce que le projet de Camvert a démarré sans aucune autorisation du gouvernement du Cameroun et sans accord des communautés riveraines. Les terres communautaires de la zone sont accaparées, les forêts sont rasées, le parc national de Campo est menacé. Tout se fait en toute illégalité et les droits des communautés sont violés. Cependant, le projet suit son cours.

Dans la région de l’Est, de l’Adamaoua, du Nord, des exploitants miniers, aurifères et autres sans autorisation ni permis d’exploitations en pleine activités employant les enfants aux yeux du gouvernement, mais aucune mesure répressive n’est prise. Entre temps, les trous miniers prennent des vies humaines et animales, polluent l’environnement, les cours d’eau villageois,  détruisent les cultures et empêchent les paysans dépendants d’y avoir accès. Cette situation a fait l’objet d’une dénonciation documentée de l’organisation Forêt et développement Rural (FODER).

Dans la région du centre précisément à Yaoundé 1er, les effets cumulés des tirs d’explosifs opérés dans les sites d’exploitation des carrières autorisées dans la même localité ont entrainé des vibrations ondulatoires au-delà des périmètres de sécurité au détruisant les maisons d’habitation des populations riveraines. L’administration compétente a eu du mal à régler cette situation à cause d’un vide juridique réglementant les tirs d’explosifs dans les sites miniers. Cette situation a créé des tensions au sein des populations riveraines qui les ont manifestés par des mouvements d’humeur et autres. Jusqu’à ce jour, ces entreprises continuent leurs activités sans inquiétude.

Ces quelques exemples choisis parmi tant d’autres montrent que la loi a cédé place au lobbying, à la corruption et toute autre pratique illégale.

 

Par DJAWA WALIDJO Alain, Stagiaire

 

 

 

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