Cette question est au centre de l’étude du réseau des parlementaires pour la gestion durable des écosystèmes forestiers, section Cameroun (REPAR-Cameroun) sur les propositions d’harmonisation des textes se rapportant à l’usage de l’espace et leur mise en cohérence avec le cadre normatif de l’aménagement du territoire au Cameroun. Elle met en relief les réclamations de plusieurs communautés villageoises par rapport aux réserves forestières qui les privent de l’espace vital pour leur survie.
L’étude révèle que de nombreux cas de conflits entre les populations et les conservateurs des aires protégés existent dans le pays. C’est le cas dans le département du Moungo avec les conflits opposant dans les réserves du Moungo les communautés riveraines à l’État. S’affrontent ici trois catégories d’acteurs: l’Etat qui veut conserver les forêts, les autochtones (Mbo) qui militent pour que leur soient rétrocédées leurs terres jadis spoliées pour créer les réserves, et les doléances des néo-autochtones (Ewondo) qui souhaitent le déclassement en leur faveur des aires protégées qu’ils occupent depuis longtemps, afin de pouvoir en tant que citoyens camerounais mieux y organiser leur vie. En outre, du fait de l’alourdissement des densités démographiques, de la conjoncture économique difficile et de la désagrégation des solidarités familiales, on voit dans la région se profiler la fin des espaces vacants et la mise en culture consécutive de toutes les terres.
Dans l’arrondissement de Mbanga, l’invasion de la réserve de Mouyouka-Kompina par les populations a suscité la réaction de l’autorité administrative. Face à l’ampleur des empiètements réalisés dans cette réserve foncière par les populations environnantes, le sous-préfet a créé une commission chargée de la surveillance et du constat de son occupation anarchique. Les infractions perpétrées dans les forêts classées du Moungo ont donné lieu à maints contentieux fonciers et/ou forestiers. Les contrevenants interpellés par les pouvoirs publics sont jugés, et très souvent frappés d’une amende et/ou emprisonnés. Pourtant, malgré la répression menée par l’État, les paysans ne cessent d’infiltrer ces milieux. Les “débrouillards” qui se battent pour leur survie en exploitant des ressources dans les réserves ne sont pas prêts à céder aux dissuasions administratives. Ceci d’autant plus qu’ils n’ont pas d’alternative.
Le conflit entre la collectivité Bakwéri et l’État du Cameroun au sujet de la privatisation de la Cameroon Development Corporation (C.D.C) met en jeu, comme principale revendication, la nécessité de protéger le patrimoine foncier de cette collectivité traditionnelle qui se pose à tort ou à raison comme une minorité ethnique, une minorité linguistique anglophone et comme un peuple autochtone.
Quelles sont les solutions ?
Le processus d’aménagement du territoire en cours devra inéluctablement prendre en compte la nécessité de concilier les objectifs de conservation des forêts et les besoins des communautés qui aspirent au logement et à l’exploitation de la terre pour assurer leur subsistance.