Les enquêtes menées par l’Association Earth Cameroon dans les zones riveraines d’exploitations des carrières à Yaoundé montrent que les autorités administratives locales et les autorités traditionnelles ignorent les préoccupations des populations riveraines au profit de leurs propres intérêts. Selon une source proche des administrations locales, « les autorités administratives s’assurent seulement que les taxes destinées au trésor public et aux collectivités décentralisées soient versées, le reste est géré dans la plus grande opacité et la hiérarchie s’intéresse peu ». Cette déclaration d’un directeur d’une administration déconcentrée du Ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (MINMIDT) est explicative du silence de l’administration face aux préoccupations des populations riveraines généralement victimes d’injustice de toute sorte.
En effet, les recours déposés par les populations riveraines pour l’amélioration de leurs conditions de vie dégradée par les impacts négatifs des activités d’exploitation des carrières ne connaissent aucune suite. Cependant ces autorités locales sont au courant des impacts que ces exploitations ont sur les investissements des populations riveraines. Surtout les impacts causés par les vibrations ondulatoires lors des opérations des tirs explosifs qui ne se font pas selon les règles de l’art. Lors d’une rencontre de concertation convoquée par le MINMIDT avec les populations riveraines de certaines carrières de pierre de Yaoundé, une autorité de l’administration déconcentrée du MINMIDT de la Région du Mfoundi a fait cette déclaration : « Le manque de protocole à suivre pour les tirs explosifs constitue un vide juridique qu’il faut régler afin de contraindre les exploitants miniers à se soumettre aux règles d’art ». Ces affirmations attestent de ce que les tirs explosifs dans les sites miniers de façon générale et dans les carrières de façon particulière ne respectent aucunes règles et entrainent des conséquences irréparables sur les investissements des populations.
Cependant, les populations riveraines de ces carrières ne manquent pas d’initier des actions pour exprimer aux autorités locales et aux responsables des carrières leurs préoccupations et leur indignation face aux injustices qu’elles subissent. Les réponses qu’elles reçoivent souvent vont du silence au mépris, de la marginalisation aux intimidations comme l’atteste ce riverain de la carrière Gaoda de Nyom II : « Puisque nous sommes désespérés par cette situation là et on ne sait plus à quel saint se vouer . De fois on fait des correspondances et qu’on adresse aux différentes administrations et ça reste des lettres mortes ». Aussi, les enquêtes de l’Association Earth Cameroon révèlent que ces autorités locales agissent ainsi pour garantir leurs intérêts au détriment d’une population qui souffre amèrement comme le témoigne cette déclaration d’un chef d’un village voisin d’une exploitation de carrière dans une zone périurbaine de Yaoundé : « Non seulement les mesures de compensation ne sont pas respectées mais nos petites cabanes qu’on a eu à faire avec autant de sacrifices, ils viennent encore détruire ça pour que ça tombe sur nous et on laisse ça venir, non on ne peut pas même si on est devant le président de la république on va manifester notre mécontentement ».
Par Alain DJAWA WALIDJO