Depuis une semaine déjà, les populations des villages Guissia, Dangmai, Werféo, Goulourgou, Mondolon, Oulargo dans arrondissement de Kar-hay et de certains villages dans l’arrondissement de la Wina, Kalfou, Yagoua tous dans le département du Mayo-Danay, dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun, font face à l’irruption de plus de 500 éléphants qui patrouillent villages, maisons et champs en détruisant tout sur leur passage. Il s’agit en effet des éléphants qui sortent de la réserve de faune de Kalfou qui, créée depuis 1933, abrite aujourd’hui les grands mammifères emblématiques tels que les éléphants, les girafes, les lions, les hyènes, les lycaons, les phacochères et de nombreuses espèces d’antilopes et d’oiseaux.
Abandonnée à elle-même, cette réserve constitue aujourd’hui un danger périodique pour toutes les populations des villages riverains. Danger périodique en ce sens que, le phénomène refait surface chaque année au fur et à mesure que la saison sèche d’une durée environ 9 mois s’installe, les réserves d’eau de la réserve tarissent, les arbres perdent leurs feuillages et les herbes sèchent sous le fait du soleil caniculaire. Les éléphants et les autres animaux de la réserve, en quête du pâturage et d’eau, sortent de l’aire protégée pour envahir champs, maisons et villages entiers mettant en péril la vie des centaines des milliers des populations riveraines.
Pour cette année, les cris de désespoir se font entendre à Guissia, Dangmai, Werféo, Goulourgou, Mondolon, Oulargo, Wina où, les villageois sont pétrifiés et meurtri par le passage de ces pachydermes qui les ont dépouillés des vivres, détruits les champs de manioc et pris en otages les réserves d’eau aménagées par ces dernières pour l’arrosage des champs d’ananas, l’abreuvage des bétails et d’autres animaux domestiques. Monsieur Yassiri, habitant du village Oulargo, joint par téléphone vendredi le 28 janvier 2022 se lamentait en affirmant : « j’étais au marché dans un autre village voisin quand on m’a appelé pour me dire que les éléphants nous ont visités. Arrivé à la maison j’ai trouvé que, mes greniers faits en paillot ont été saccagés, mon champ de manioc a été totalement détruit, ainsi que mon champ d’ananas. Ils m’ont tout pris. Je ne sais pas comment je vais faire pour nourrir ma famille cette année ».
Il faut préciser que la plupart des maisons d’habitation et des greniers dans cette zone sont faits en pailles, principales nourritures des éléphants. Quand ils passent, ils ne détruisent pas seulement les champs, mais aussi les greniers avec tout ce qu’ils contiennent, ainsi que les maisons d’habitations et autres. Et au fur et à mesure que la saison sèche s’installe, des mesures sont prises par les populations et les bergers pour abreuver les animaux de telle façon que, les réserves d’eau ne s’étouffent pas et tarissent. Cependant, l’intrusion des éléphants dans les réserves d’eau les trouble et entraine leur tarissement puisque ces animaux sauvages sans éducation et sans bergers y entrent et les mettent dans un état de trouble.
« À l’heure où nous parlons, les éléphants pâturent dans les villages voisins et aucune autorité ne s’inquiète, la sous-préfecture et la mairie ne s’inquiètent même pas de nos préoccupations. » affirme Monsieur Yassiri, notre informateur joint par téléphone.
Par DJAWA WALIDJO Alain, Stagiaire