Les populations disent être désabusées par les promesses non tenues des élites descendues sur le terrain en juillet dernier.
Hier soir, 8 décembre 2015, plusieurs dizaines de personnes étaient encore sur le site du chantier de construction de l’autoroute Yaoundé – Douala. Depuis lundi dernier, elles bloquent à nouveau les travaux entre le Pk10 et le Pk20. Il s’agit précisément des populations des villages Nkolmeyang, Nkongmessa et Lobo. Quelque 300 personnes vivent dans ces villages. « Nous passons la journée sur le site et le soir, chacun retrouve sa case », a confié Stanislas Bita Engamba, présenté comme le propriétaire de la plus grande palmeraie de la contrée. Palmeraie qui s’étale sur quelque 30 hectares au lieu dit Pk13. « Je dois être payé avant qu’on abatte le premier palmier », a-t-il confié, furax.
Et pourtant, le calme était revenu sur le site après la descente sur le terrain des élites du département de la Lékié dont dépend cette localité en juillet dernier. « Des promesses nous avaient été faites. Notamment, que nous devrions être
payés avant la rentrée scolaire passée, il y a trois mois », se souvient Stanislas Bita. Mais, selon lui et d’autres sources, les promesses n’ont pas encore été tenues. Les deux parties, notamment les riverains, qui revendiquent leurs droits d’un côté, l’administration et les « élites » de l’autre côté ne se seraient pas encore retrouvées jusqu’ici. Cependant, et selon certaines indiscrétions, une réunion se serait déjà tenue à Montatélé entre les chefs desdits villages et certains responsables de la préfecture aux fins d’établir de nouvelles listes, dans l’optique d’intégrer tout le monde. Ce que ne savent sûrement pas les riverains à nouveau piqués par la colère. « Nous serons convaincus lorsque nous rentrerons dans nos droits », a confié un riverain, qui avoue qu’il continuera à faire son sit-in avec ses frères, jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée. D’ailleurs, au niveau du Pk 20 où les travaux sont déjà avancés, le préfet de la Lékié a fait une descente sur le terrain lundi dernier, pour demander aux riverains de lever l’ancre, a témoigné Monsieur Ebodé, un riverain. Mais, « lorsqu’il a tourné le dos, nous sommes revenus sur le site », a confié un gréviste. Le chantier est quasiment en arrêt. L’entreprise chinoise obligée de revivre les tristes événements du mois de juillet dernier. En fait, les populations riveraines se plaignaient du fait que certains noms ne se retrouvaient pas dans la liste officielle. Sur les 900 noms inscrits à la première liste, seuls quelques 300 élus s’étaient retrouvés à la liste définitive. 237online.com D’autres riverains étaient désagréablement surpris de constater que leurs indemnisations frisaient le ridicule, avec des montants inférieurs à 5.000 Fcfa. Et, pour calmer les tensions du fait du mouvement d’humeur, qui a conduit au blocage des travaux, le Secrétaire général de la présidence de la République, « sur très haute instruction … » a chargé les élites du département de la Lékié dont dépend l’arrondissement de Lobo d’aller les rencontrer. Le 27 juillet 2015, le ministre délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieure de l’État (Consupe) d’alors, Henri Eyebe Ayissi, actuel ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader), l’ancien Minader Essimi Menye et le secrétaire d’État à l’Éducation de base (Seb), Benoît Ndong Soumhet, ainsi que certains membres du parlement se sont retrouvés à Lobo, pour convaincre leurs frères. Ils ont fait des promesses qui restent non tenues. D’où le nouvelle ire.
Justin Blaise Akono