La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) interpellent le Président de la République du Cameroun à intervenir urgemment pour mettre fin à la détention arbitraire de messieurs .Redemption Godlove, Kpwe Philip Abue, Biame Divine, Azong Cyprian et Fuh Bernard, membres de l’Association Esu Youth Development (EYDA), à la prison centrale de Bamenda. Les cinq sont des leaders communautaires qui se sont opposés à l’accaparement des terres de la communauté Esu (Nord-Ouest du Cameroun) par M. Baba Ahmadou Danpullo, un homme d’affaires milliardaire, éleveur de bovins, et propriétaire d’une plantation de thé « Nduteaestate ». .
M. Redemption Godlove a été arrêté le 22 avril 2016 et conduit à la légion de gendarmerie à Bamenda pour interrogatoire. Il est accusé d’ «incendie criminel» et «vandalisme». Il a ensuite été transféré à la prison centrale de Bamenda. Le 9 mai, 2016, M. Biame Divine, M. Azong Cyprian et M. Fuh Bernard ont été convoqués à la légion de gendarmerie de Bamenda, puis conduits à la prison centrale de Bamenda pour les mêmes motifs. Le 25 mai, 2016, M. Kpwe Philip Abue a été à son tour arrêté et placé en détention à la prison centrale de Bamenda pour les mêmes motifs.
Le 31 mai 2016, le juge d’instruction de la Haute Cour de la division Mezam Holden à Bamenda a statué sur une exception préliminaire déposée par Barrister Fon Robert, au nom des cinq accusés mentionnés ci-dessus, ainsi que de quatre autres membres de EYDA qui sont poursuivis dans la même affaire, mais ne sont pas arrêtés, à savoir M. Kagha Mbong Ephraim, M. Wung Emmanuel, M. Ivo Meh et M. Meh Williams. Le Juge d’instruction Justice Francis Ndip Oben, a invoqué l’article 140 du Code de procédure pénale pour décliner la compétence du tribunal, et levé le mandat d’arrêt contre M. Redemption Godlove et des quatre autres détenus.
En dépit de cette décision de justice, les autorités de la prison centrale de Bamenda ont gardé les cinq défenseurs des droits humains en détention. Les accusations portent sur une plainte déposée mai 2016 par M. Baba Ahmadou Danpullo contre les neuf mentionnés ci-dessus, les dirigeants communautaires et le chefs traditionnel de Esu,. Il les accuse d’avoir brûlé des huttes appartenant aux travailleurs de son ranch « ELBA». Les incriminés quant à eux affirment qu’il leur était matériellement impossible de commettre ces actes dans la mesure où près de 50 gendarmes sont stationnés dans la région depuis le 11 Mars pour garder les propriétés de M. Dampullo.
La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) condamnent la détention arbitraire et le harcèlement judiciaire des défenseurs des droits fonciers mentionnés ci-dessus, qui ne visent qu’à sanctionner leurs activités légitimes et pacifiques des droits humains opposés l’accaparement des terres.
Rappel de quelques faits
En 2015, M. Baba Ahmadou Danpullo a tenté d’établir un titre foncier sur les terres de la communauté Esu. Les dirigeants de la communauté Esu ont ensuite déposé une plainte demandant à M. Danpullo de prouver la possession de la propriété foncière. Au lieu de fournir cette preuve, M. Danpullo a déposé une plainte pour diffamation à l’encontre de M. Fon robert, avocat de la communauté ESU. Selon ce rapport de l’organisation mondiale contre la torture, M. Dampullo demanderait 100 millions de FCFA de dommages et intérêts à M. Fon Robert, pour l’avoir injustement accusé d’avoir payé 50 millions de FCFA au gouverneur du Nord Ouest et autres autorités administratives impliquées pour obtenir le titre foncier sur les terres de la communauté ESU. .
La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) appellent les autorités camerounaises à libérer immédiatement et sans condition messieurs. RedemptionGodlove, Kpwe Philip Abue, Biame Divine, Azong Cyprian et Fuh Bernard, et de mettre un terme au harcèlement, y compris au niveau judiciaire, contre les leaders de la communauté ESU qui revendiquent le respect de leurs droits fonciers