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L’EXPLOITATION DE LA CARRIÈRE CHINOISE JINLI DE FÉBÉ VILLAGE : ENTRE LÉGITIMATION DES INJUSTICES ET MARGINALISATION DES POPULATIONS RIVERAINES.

01 Juin image  Bientôt trois ans que les populations du village Fébé et celles des villages limitrophes comme Ngoya II et III, Nkologoang, vivent au rythme de dommages causés par les activités d’exploitation semi-industrielle du gigantesque rocher de Fébé.

           En effet, depuis le début de l’année 2020, une entreprise chinoise nommée JINLI Cameroun Sarl a obtenu dans des circonstances peu communes l’autorisation l’exploitation de la carrière de Fébé. Le folklore administratif monté par les autorités locales administratives et traditionnelles avait fait nourrir aux populations de Fébé et celles des villages environnants l’espoir d’une amélioration de leur conditions et cadre de vie. Car, ces villages qui ne sont pas loin du centre-ville de Yaoundé souffrent de l’absence des infrastructures socioéconomiques de bases telles que les points d’eau potable, l’électricité, les centres de santé, la route, les écoles pour ne citer que ceux-là.

          Cependant, depuis l’ouverture de cette carrière chinoise dans cette localité vulnérable, les populations riveraines n’ont bénéficié d’aucuns avantages liés à cette exploitation comme le prescrit la loi N°2016?17 du 14 décembre 2016 portant Code minier au Cameroun. Au contraire, elles ont vu leurs conditions et cadres de vie se détériorer au fur-et-à mesure. Parmi les dommages observés : Les maisons d’habitation construites au pris d’énormes sacrifices sont en pleines détériorations du fait des vibrations ondulatoires entrainées par les opérations de tirs explosifs effectuées dans le site de la carrière, la détérioration de l’unique route par les engins lourds de la carrière pour faire couler les produits. Aujourd’hui, cette route ne ressemble à rien du tout et est impraticable surtout en période de pluie. La détérioration de l’environnement et de la qualité de l’aire par les produits toxiques et les poussières libérés lors des tirs explosifs, du broyage des pierres et des passages des camions, l’étouffement des rivières exploitables pour des besoins d’approvisionnement en eau pour les tâches ménagères et domestiques, les nuisances sonores, etc.

                   Ces dommages sont subis par les populations riveraines sans l’application d’une mesure de compensation prescrite par la législation camerounaise. Les revendications des populations sont détournées par les autorités administratives locales, les autorités traditionnelles et politiques soupçonnées de détourner toutes les prébendes destinées au développement local.

                 Dans les quartiers les plus impactés par les activités de ladite carrière, les populations qui se plaignent des injustices ont été menacées de déguerpissement par les autorités communales au motif qu’elles n’ont pas soit les titres fonciers, soit les permis de construction. Elles ont été sommées de ne plus se plaindre si elles ne veulent pas qu’on les déguerpit. Aujourd’hui, les populations intimidées, n’osent pas  lever la voix, chacune souffre sans mots dire. C’est par exemple le cas de cette dame de Fébé interviewée il y a quelques jours : « À qui ? Quelle autorité ? Je vais m’attirer les ennuis ? Ma petite vie ça me va comme ça. Je ne leurs réclame rien. Mon mari ne m’a pas laissé ici pour attirer les problèmes. Je ne peux pas venir entrer dans la sorcellerie des gens ». Elle a décidé de subir les injustices en silence, elle pleure en silence.

             Les associations de défenses des droits des populations victimes des injustices dans les exploitations des ressources naturelles locales sont généralement confrontées à ce genre de résistance des populations victimes parce qu’elles redoutent les représailles des influenceurs la plus part constitués des autorités locales, politiques et traditionnelles. C’est de cette manière que dans toutes les zones d’exploitation des ressources naturelles, les injustices et la marginalisation des populations sont devenues comme la loi.

                   Par DJAWA WALIDJO Alain

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