Le phénomène de corruption qui gangrène la quasi-totalité des secteurs d’activité au Cameroun de nos jours, n’a pas épargné le domaine de la gouvernance forestière en 2020. D’après le Rapport de la CONAC de 2020 sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, la redevance forestière fait partie des secteurs les plus dénoncés en matière de corruption reçu par la CONAC. Cet état des choses n’est certainement pas sans conséquences sur les populations riveraines.
En effet, instituée par la loi Camerounaise N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche ainsi que son décret d’application N°95/531/PM du 23 août 1995, la redevance forestière est un pilier de la gouvernance forestière qui figure au rang des avantages attribués aux populations riveraines aux zones forestières afin de contribuer au développement socio-économique de leur localité.
Or, une analyse du tableau récapitulatif des dénonciations des cas de corruption figurant dans le rapport de lutte contre la corruption de la CONAC de 2020, montre que le secteur de la redevance forestière au Cameroun est l’un des secteurs les plus dénoncés. Selon ce tableau, les dénonciations de corruption en matière de redevance forestière sont classées en 4ème position, avec une fréquence de 110 cas de dénonciation et un pourcentage de 3,24 % pour l’année 2020.
Cette réalité peut considérablement justifier l’état de lieu actuel des communautés riveraines aux projets d’exploitations forestières dont les conditions de vie ne sont pas améliorées. Ainsi, au lieu d’impulser le développement socio-économique, en milieu rural, les fonds affectés à la redevance forestière sont mal gérés paralysant de ce fait les politiques de développements locaux qui sont supposés assurer la construction des infrastructures utiles aux populations riveraines.
Si les fonds alloués à la redevance forestière sont plutôt détournés ou mal utilisés, il n’est que normal que les populations riveraines aux zones forestières continuent de stagner sur le plan développement. C’est l’exemple du calvaire que vivent les communes de la région de l’Est Cameroun qui, depuis plusieurs mois, ne parviennent pas à entrer en possession des revenus de redevance forestières qui leur reviennent de droit ne sachant ou se trouvent lesdits fonds.
A ce propos, un article du journal EcoMatin publié le 23 septembre 2021 indiquait que depuis plusieurs mois, les communautés riveraines sont dans l’impossibilité d’entrer en possession de leur revenu de redevance forestière. Selon cet article, l’un des maires du département de la Boumba -et- Ngoko a affirmé que : « Nous avons des documents qui démontrent que les sociétés qui exploitent les unités forestières d’aménagement (UFA) et les ventes de coupe sur notre territoire communal ont régulièrement payé leur redevance forestière auprès de la direction générale des grandes entreprises (DGE) à Yaoundé. Les documents en notre possession prouvent que notre commune a normalement bénéficié de plus de 100 millions de FCFA, mais la trésorerie de Bertoua est incapable de me payer » regrettait ce dernier.
Cette situation à laquelle sont de plus en plus confrontées les populations riveraines aux zones forestières au Cameroun ne leur permet pas de bénéficier de leur droit local découlant des exploitations forestières.
Le rural.info