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CONTRIBUTION DE L’EXPLOITATION MINIERE ARTISANALE A LA DEGRADATION DE LA SANTE ET DE LA SECURITE DES POPULATIONS RIVERAINES DE L’EST CAMEROUN SELON L’ONG FODER

      03 Novem      Dans son rapport sur l’évaluation des risques de l’exploitation artisanale de l’or dans la région de l’Est Cameroun publié en août 2022, l’organisation Forêts et Développement Rural (FODER) démontre que cette activité concourt malheureusement de manière significative à la dégradation de la santé et de la sécurité des populations de cette zone.

           L’objectif de cette étude était d’évaluer les risques sanitaires et sécuritaires auxquels sont exposés les artisans locaux de la région de l’Est du Cameroun. Pour y parvenir, l’organisation FODER a recueilli ses données auprès de 134 exploitants artisanaux d’or répartis dans quatre grands arrondissements d’exploitation artisanale de l’or à l’Est Cameroun notamment à Batouri (36), Kette (32), Ngoura (28) et Bétaré-Oya (38).

            D’après ce rapport, l’exploitation minière artisanale et à petite échelle pratiquée par la majeure partie des populations de ses différentes zones a bien des répercussions sur la santé et la sécurité de ces dernières. Cela d’autant plus que 70,9% des artisans locaux n’ont jamais entendu parler de santé et de sécurité au travail, et que 59,7 % ignorent l’existence de la réglementation nationale en matière de santé et sécurité au travail régissant tous les lieux de travail au Cameroun selon ce rapport.

               En effet, les dangers liés à la santé dans les sites miniers d’après ce rapport de l’organisation FODER peuvent causer des maladies professionnelles et les dangers liés à la sécurité quant à eux peuvent causer une blessure sur le lieu de travail.

              S’agissant des dangers liés à la santé, ce rapport indique que 79,1% des mineurs ont déclaré avoir été malades au moins une fois après le début des activités minières et les problèmes de paludisme (59,5 %), les douleurs musculo-squelettiques (50,4 %), les hernies (7,6 %), les dermatites (7,6 %), les affections diarrhéiques (6,1 %), les problèmes de vue (6,1 %) et d’autres (18,3 %) comme les maux de tête et la fatigue ont été signalés. Dans ce rapport, l’organisation met en exergue l’impact du mercure sur la santé des populations étant donné que ces dernières y sont exposées de manière prolongée. A cet effet, dix symptômes éventuellement liés à une exposition chronique au mercure ont été indiqué et dont les plus fréquents mis en exergue dans ce rapport sont : la fatigue inhabituelle 35 (58,3) et des maux de tête 33 (55 %), et bien d’autres symptômes neurologiques comme des vertiges, des tremblements, des paresthésies, un sommeil excessif, des difficultés auditives, des difficultés visuelles et une perte de goût aient été signalés. La dermatite de contact et un cas d’arthrite de l’articulation du genou due à la contamination d’une plaie par du mercure élémentaire ont été observés à Batouri.

          Pour ce qui est des dangers liés à la sécurité, le rapport de l’organisation FODER indique que les principaux risques à la sécurité dans les sites miniers à l’Est Cameroun sont relatifs aux chutes, aux noyades, aux glissements de terrain. D’après ce rapport, des accidents de travail et des décès ont également été signalés dans ces quatre arrondissements. A cet effet, 48 des 134 personnes interrogées ont été victimes d’au moins un accident du travail, soit une proportion d’incidence calculée de 38,5 %. Parmi ces accidents, 18 sont survenus à Bétaré- Oya, 14 à Batouri, 12 à Kette et 4 à Ngoura.

          De plus, dans ce rapport, parmi les types d’accidents signalés, figurent les blessures par un outil de travail (33,3 %), les chutes (23,8 %), les glissements de terrain (14,3%), le contact avec une substance chimique (9,5 %), le piégeage (4,8 %), les blessures par broyage (4,8 %), la noyade (4,8 %) et autres (4,8%) (Image 7). Les blessures les plus fréquentes sont les plaies et lacérations (43,5 %), les entorses et foulures (39,1 %) et les contusions (8,7 %), et la plupart de ces blessures affectent les membres supérieurs et inférieurs. Aussi selon les participants, ces blessures seraient dues à un manque de port d’équipement de protection individuel (60,9 %), de compétences et d’expertise (16,7 %) et à un mauvais équipement (8,7 %).

          De 2015 à 2022, l’organisation FODER a signalé 205 décès dans les sites d’exploitation artisanale de l’or dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua. D’après cette étude, les décès et accidents enregistrés dans les sites miniers sont principalement dus à des éboulements de terrain en raison de l’absence de règles minimales de sécurité individuelle et collective, et de la présence de nombreux sites miniers non réhabilités, qui ont été transformés en lacs artificiels.

            Par Sandrine TANKEU, 

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