Le droit à la santé et à la sécurité sociale sont des éléments fondamentaux des droits de l’homme consacré dans la quasi-totalité des textes internationaux mettant ainsi l’être humain au cœur de toute activité. A cet effet, même dans le cadre de l’exploitation des ressources naturelles dans les pays ayant ratifié ces textes, leur respect est obligatoire.
Au Cameroun en effet, les droits à la santé et à la sécurité sociale des populations riveraines des carrières sont consacré par l’article 81 de la loi n°2016/17 du 14 décembre 2016 portant code minier au Cameroun qui dispose que, : « le titulaire de l’autorisation d’exploitation artisanale est soumis aux obligations prévues par la présente loi, dans le périmètre d’exploitation artisanale, notamment la préservation de la santé des populations et la sécurité dans les sites de travaux inclus dans le périmètre ». Autrement dit, cette disposition signifie que les populations riveraines des carrières au Cameroun ont droit à la santé et à la sécurité sociale.
S’agissant du droit à la santé, il ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité, mais à un état complet de bien-être physique, mental et social. La santé résulte donc d’une interaction constante entre l’individu et son environnement, d’où la question de santé-environnementale, car lorsque l’environnement est pollué la santé se dégrade. C’est le cas lors des exploitations de carrières ou, les populations riveraines font généralement face à la pollution de d’air ce qui affecte leur santé comme c’est le cas des populations riveraines de la carrière de Fébé. Selon les enquêtes menées par l’Association Earth Cameroun dans certaines zones d’exploitation des carrières dans la ville de Yaoundé en 2021 et mai 2022, les populations riveraines estimaient que les activités étaient à l’origine des émissions d’odeur nocive pour leur santé. La pollution aiguë ou chronique de l’air due aux activités d’exploitation des carrières au Cameroun peut parfois être une source importante de maladies chez les populations riveraines.
Dans la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples par exemple, ce droit à la santé est consacré dans l’article 16 et dans la déclaration universelle droit de l’homme, il est consacré dans son article 25. Ainsi, le Cameroun en tant partie à ces instruments internationaux s’est donc engagé à protéger la santé de sa population en général et de celle riveraine aux projets d’exploitation des carrières.
Le droit à la sécurité sociale quant à lui renvoie à un système de protection sociale pour aider à faire face aux multiples dimensions de la pauvreté et de la précarité qui sont souvent liées à une mauvaise santé, et garantit un niveau de vie suffisant en cas de maladie. En d’autres termes, il s’agit des mesures et organisation pour assurer la garantie des individus contre certains risques sociaux. La sécurité sociale fait partie de la protection sociale qui est l’ensemble des mécanismes de prévoyance collective qui permettent aux individus ou aux ménages de faire face aux conséquences des risques sociaux, c’est-à-dire aux situations pouvant provoquer une baisse des ressources ou une hausse des dépenses. Dans le cadre de l’exploitation des carrières, il s’agit des mesures qui permettent aux populations riveraines de pouvoir faire face aux conséquences desdites activités. Au Cameroun en général et dans la ville de yaoundé ou des enquêtes ont été menées auprès des populations riveraines, le constat était qu’aucune mesure de sécurité sociale n’était prise pour assurer le respect de ce droit inhérent aux populations riveraines.
En conclusion, bien que tous ces textes aussi bien nationaux qu’internationaux reconnaissent le droit des populations riveraines des carrières à la santé et à la sécurité sociale, il ressort que selon les enquêtes menées sur le terrain par l’Association Earth Cameroon, le respect de ces droits n’est pas encore effectif. L’Etat du Cameroun est donc interpellé à respecter son engagement en assurant le respect du droit à la santé et à la sécurité sociale des populations riveraines des carrières.
Par TANKEU GAPET Sandrine