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GESTION EXCLUSIVE DE LA RÉSERVE DE FAUNE DU DJA ET SES CONSÉQUENCES SUR LES RESSOURCES DE LA BIODIVERSITÉ ET LES POPULATIONS AUTOCHTONES

site_0407_0005-750-0-20151104162649Contre tout résultat escompté, la gestion exclusive, forteresse ou militaire de la réserve de faune du Dja par l’Etat a entrainé la structuration des conflits entre le Service de la Conservation (SC) et les populations autochtones et communautés locales. Aujourd’hui, les faits isolés enregistrés ici et là comme la mort d’un membre des communautés Baka’a de Mpouempoum I, les violences faites à certains membres des communautés autochtones rencontrés dans la réserves constituent un vecteur d’envenimement du conflit entre SC et populations autochtones et communautés locales (PACL). Le témoignage d’un Agent des Eaux et Forêts en service à Lomié en dit beaucoup : « nous sommes tellement mal vus par les populations alors que nous faisons seulement notre boulot », reconnait-il.

Cette gestion exclusive a en outre entrainé le repli communautaire et le « rejet total du projet de conservation de la biodiversité » comme l’a expliqué un ex-député de Lomié lors d’un entretien : « les populations autochtones n’ont pas compris le projet de conservation de la biodiversité. Elles ont été mal sensibilisées. Aujourd’hui, elles ne veulent même plus de ce projet, elles ont constaté que ça ne leurs bénéficie pas. C’est pourquoi elles n’adhèrent pas surtout dans la zone de Lomié ». Pour les communautés Baka’a, « ce projet de  conservation de la biodiversité est venu nous enlever tout ce que nous avions. Nous sommes devenus les esclaves des autres parce qu’on nous empêche de faire la chasse et la cueillette, les seules choses que nous savons faire. (…), nous sommes entourés départ et d’autre par la réserve et les UFA. Tu entres, les écogardes tirent sur toi. C’est vraiment injuste » (entretien avec le chef d’une famille Baka’a de Nzoulaboth Baka’a).

La coordinatrice de l’Association pour la Traduction, l’Alphabétisation et le Développement Holistique des Populations Autochtones (ASTRADE)  de Lomié au sujet du sort des Baka’a a dit : « le projet de la conservation et les UFA ont réduit à plus de 90% l’espace d’activités des populations autochtones (Baka’a surtout et les Bantu aussi) qui avant la conservation et les UFA n’avaient pas de limites en forêt et pouvaient se déplacer d’un lieu à un autre. Aujourd’hui, tu fais un pas on te dit que tu es dans UFA, tu es dans la réserve, tu es dans la forêt communale (…). Les activités d’autonomisations ne sont pas mises en œuvre. On vient, on fait des sensibilisations à un projet de formation agropastorale et après on ne voit plus personne. On initie les choses et on ne les suit pas. Pourtant les restrictions sont de plus en plus croissances. […] pour dire vrai, les Baka’a ne sont plus à l’aise ».

Cette gestion exclusive que l’Etat continue à maintenir dans cette aire protégée du Dja a entrainé la radicalisation des chefs communautaires autochtones et des familles entières Baka’a dans le braconnage. Un braconnier Bantu de Dioula qui a à son service deux grande familles Baka’a affirme ceci: « quand j’entre dans la forêt, c’est pour atteindre mes objectifs, avoir beaucoup de gibier et de tout genre car j’entre sous commande. […] J’ai aussi des Baka’a à mon service. J’ai tout un réseau des clients composés des gens du village de Djapostel, de Mindourou, d’Abongbang, de Yaoundé, de Douala et d’ailleurs. […] Je mets souvent plus de 400 pièges. J’ai aussi les fusils. L’objectif c’est d’avoir de gibier en aussi grand nombre que nous pouvons tués et attrapés ». Un braconnier de Nomedjoh explique aussi qu’il maitrise le mouvement des Ecogardes dans la forêt, qu’il peut entrer et faire tout ce qu’il veut et ressortir sans être vu.

Pendant que l’Etat insiste avec ce modèle de gestion qui entraine la violation des droits humains et la radicalisation de certains membres des communautés autochtones, les ressources de la biodiversité paient  un lourd tribut.

Par Alain DJAWA WALIDJO, Stagiaire

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