Un semblant d’école à Bétaré-Oya
Ils sont au nombre de 237 dans une salle de classe
L’image que vous observez est celle des élèves du cours préparatoire de l’école publique groupe IB de Bétaré-oya, à L’Est Cameroun. Ils sont au nombre 237, assis pour certains sur les tabourets ramenés de la maison, pour d’autres à main le sol, pour les plus chanceux, ils ont trouvé une place inconfortable sur un banc qui date depuis la création de l’école. Ardoise en main les regards au tableau ils essayent d’écouter attentivement la maitresse qui use d’un bâton pour intimider ces derniers. Mais au bout du compte, ils n’ont rien compris à la leçon et regardent la maitresse avec un air surpris lorsqu’une question est posée.
Créée le 07 juin 1955, la Commune de Bétare-Oya abrite une population estimée à un peu plus de 63 000 âmes. Elle est située dans la Région de l’Est Cameroun, Département du Lom et Djerem, Arrondissement de Bétare-Oya. Elle couvre une superficie de 12.600 km². Elle est limitée au nord par les arrondissements de Meiganga, Dir et Ngaoundal, au sud par l’arrondissement de Ngoura ; A l’est par la RCA et l’arrondissement de Garoua-boulai ; à l’ouest par les arrondissements de Bélabo et Yoko. La commune de Bétare-Oya compte 59 villages.
Le manque d’infrastructures dans le secteur de l’éducation est criard à Bétaré Oya. On est loin de parler d’une éducation de qualité ici. Le directeur de cette école est bien conscient de cette triste réalité. Il affirme d’ailleurs que « nous ne pouvons pas dire que ces enfants sont enseignés. Vu le nombre il est impossible de prendre soins de chacun d’eux ». La maitresse de cette salle de classe réitère confirme ces propos. Elle affirme: « lorsque j’enseigne je ne peux même pas parcourir toute la classe car les enfants sont assis partout au sol. Donc il est pratiquement impossible de voir ce qu’ils écrivent sur leurs ardoises ».
Autre problème majeur signalé: les conditions de travail déplorables des enseignants.
D’après le directeur de l’école publique de la place, son école n’a qu’un seul maitre formé et recruté par l’Etat en sa personne. Pour le reste, ce sont des maitres recrutés par la mairie. Selon le premier adjoint du maire de la commune de Bétaré-oya, ces maitres ont un salaire de 30 000 FCFA le mois. Cette information est démentie par les concernés qui affirment avoir un salaire de 10 000 FCFA le mois. Et d’après eux, ils perçoivent ce salaire en fin d’année.
La souffrance et la misère que vivent les enseignants de cette localité ont une influence considérable sur l’éducation des élèves de la localité. Les résultats du CEP dans cette localité pour l’année 2016 qui est de 22,5 % en disent long sur la situation qui prévaut.
Que dire d’une telle localité ? Pourtant riche en or. A quoi sert l’argent des redevances minières destinées aux communautés et à la commune de Bétaré-oya ? Pourquoi après plus de cinq années d’exploitation de l’or par les entreprises minières rien n’est fait pour l’éducation dans la localité de Bétaré-oya ? Pour le maire de Bétaré-oya, il n’a jamais vu l’argent des redevances minières depuis qu’il est à son poste. Pourtant le Ministère des finances affirme que les redevances minières dues aux communautés sont régulièrement reversées aux communes. Qu’est ce qui peut expliquer l’absence de réalisation sur le terrain ? Ou va donc l’argent des redevances minières destinées aux communautés ? Cet argent aurait du servir à la construction des salles de classes, à la fabrication des bancs et à payer les enseignants.
En attendant que tout soit fait pour que les communautés bénéficient de l’exploitation de l’or à Bétaré-oya, le petit Moussa continuera à venir à l’école avec son tabouret et ses amis moins chanceux auront toujours pour chaise le sol.
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