Les jeunes des villages d’Effisao et de Loudia Diola, dans la commune de Mlomp, dans le département d’Oussouye, en sont venus aux mains. A l’origine du différend un litige foncier. Le bilan de l’affrontement survenu dimanche 7 août dernier est de 5 blessés dont 1 grièvement atteint et évacué à l’hôpital régional de Ziguinchor.
La journée du dimanche 7 août dernier a été longue et houleuse dans le village d’Effisao, dans la commune de Mlomp, dans le département d’Oussouye. Selon les témoignages recueillis hier, mardi 9 août 2016, par téléphone, les jeunes de Loudia Diola ont attaqué aux machettes ceux d’Effisao qui étaient en train de désherber le périmètre du champ villageois pour cultiver. Le bilan fait état de 5 jeunes blessés dont 1 grièvement atteint et évacué à l’hôpital régional de Ziguinchor.
Le chef du village d’Effisao, Lamine Kanté, a confirmé l’incident. «Les jeunes de Loudia Diola ont trouvé nos jeunes en train de travailler et ils les ont attaqué avec des machettes, blessant 5 personnes dont le jeune Aladji Kanté qu’ils ont voulu tuer. Grièvement blessé, celui-ci est évacué à l’hôpital régional de Ziguinchor», a-t-il déclaré. Babacar Kanté a appuyé les propos du chef du village en ces termes: «Aladji Kanté est gravement touché à la tête avec une barre de fer. Il a également reçu des coups de machettes sur le corps.»
«DES DÉPUTÉS SONT DERRIÈRE TOUS CES PROBLÈMES»
Pour le chef du village d’Effisao, c’est le deuxième incident survenu entre les deux villages distants de 4 à 5 kilomètres l’un de l’autre. Le premier incident remonte au 18 juin dernier. Le sous-préfet, Serigne Mbacké Diawara, avait convoqué les deux parties pour les entendre. Lamine Kanté, chef du village d’Effisao, a signalé que les terres conflictuelles appartiennent à son village qui existe depuis plus de 300 ans.
Il indexe, à l’occasion, des députés qui profitent de leur statut pour «usurper» leurs terres. «Nous sommes là depuis plus de 300 ans. Il n’y a jamais eu ces genres de problèmes entre les deux villages. Ce sont les jeunes intellectuels qui veulent créer ces problèmes, aidés en cela par d’anciens députés qui viennent s’accaparer de toutes nos terres. Ils exhibent de faux papiers pour dire que c’est l’autorité qui leur a attribué ces terres. Mais, j’avoue que si le problème n’est pas réglé, il y aura certainement des morts», a signalé Lamine Kanté.
L’AUTORITÉ SUSPEND L’ESPACE CONFLICTUEL
Michel dit Dionkène Diatta, maire de Mlomp, a annoncé la suspension de la zone conflictuelle. «Ce qui est plus important, c’est la décision qui a été prise aujourd’hui au niveau de la sous-préfecture où on a finalement jugé nécessaire de suspendre la zone conflictuelle. Personne n’y touche jusqu’à nouvel ordre. Les deux chefs de villages concernés, le sous-préfet qui a convoqué la réunion, le maire de Mlomp que je suis, les concernés aussi étaient présents à cette réunion», a révélé Dionkène Diatta. Le maire de Mlomp a aussi confirmé la présence à cette réunion du PCA de l’ANRAC, Pascal Manga, que nous avons essayé de joindre sans succès.
Selon lui, «s’il y a une personne à interroger dans cette affaire, c’est bien Pascal Manga qui est né et a grandi à Effisao, alors qu’il est originaire de Loudia Diola. Il a construit sa maison à Effisao sur ses propres terres. Il a expliqué son expérience et la raison pour laquelle les deux villages cohabitaient sans problèmes. Selon lui, ils n’avaient pas les mêmes intérêts. D’aucuns exploitaient les terres et d’autres exploitaient les palmiers», a-t-il renchéri en relevant l’impartialité du doyen Pascal Manga dans son discours.
LE CALME EST REVENU ET LA SITUATION STABLE
Joint au téléphone, le sous-préfet Serigne Mbacké Diawara qui n’a pas voulu trop s’épancher sur le problème a tout de même rappelé que «le calme est revenu et la situation est redevenue stable».
Des informations recueillies sur place font état de la présence des éléments de la brigade de Gendarmerie d’Oussouye, des commandos marins d’Elinkine et des éléments de la Brigade mobile de sûreté (BMS) d’Elinkine qui se sont tous rendus sur place dimanche pour faire revenir le calme. Il faut signaler que dans le passer, il y a souvent eu des conflits fonciers entre les villages en Casamance. Ce fut le cas entre Santhiaba Wolof et Kagnoute, mais aussi entre Loudia Diola et Loudia Wolof.
Sud Quotidien (Dakar), Chérif Faye