L’affaire Koumatei Monique vient nous réveiller et nous rappeler la triste condition des hôpitaux camerounais : au lieu de soulager les malades, les hôpitaux les achèvent. Les communautés riveraines des forets mises en exploitation en tant que gardiennes de la forêt et détentrices des droits coutumiers sur ces forêts, ont droit à une quote part des revenus forestiers. Ces bénéfices doivent servir à des projets tels que l’adduction d’eau ; l’électrification ; la construction et l’entretien des routes, des ponts des ouvrages d’arts ou des équipements à caractère sportif ; la construction, l’entretien ou l’équipement des établissements scolaires des formations sanitaires ; l’acquisition de médicaments et toute autre réalisation d’intérêt communautaire décidée par la communauté elle-même.
Cet argent est géré par un comité de gestion présidé par le maire et comprenant les représentants des communautés riveraines. Le maire est l’ordonnateur des dépenses. Le receveur municipal territorialement compétent fait office d’agent financier. Il est chargé du recouvrement des recettes et du paiement des dépenses. A ce titre, il a seul qualité pour opérer tout maniement de fonds et est responsable de leur conservation. Il a également seul qualité pour opérer les retraits. Il est également responsable de la sincérité des écritures. Il est personnellement responsable des opérations financières et comptables. En clair, si l’argent de la RFA due aux communautés forestières riveraines n’a pas contribué au développement local, la faute revient d’abord à la commune qui gère les fonds destinés à la réalisation des projets de développement en faveur des communautés.
Le rôle des communautés se limite à identifier les projets à réaliser et à suivre la réalisation des projets. Il se trouve que de nombreux maires détournent ces revenus dus aux communautés. L’ayant constaté le gouvernement au lieu de retirer la gestion de ces fonds aux maires, a plutôt décidé de supprimer la quote part allouée pour les communautés et de l’affecter au communes et aux agents des impôts. Désormais, les maires n’ont plus aucune obligation d’investir pour les projets des communautés riveraines.
Imaginez que Vous avez des arriérés de salaire parce votre supérieur hierrarchique ne vous paie pas vos droits. L’Etat, pour réparer cette injustice, invente une solution originale qui consiste à supprimer votre droit à un salaire et à le confier à votre supérieur hiérarchique véreux pour qu’il « prenne soin de vous ». C’est ce que Le Ministère des finances tente d’expliquer pour justifier la suppression de la quote part de la redevance forestière due aux communautés au profit des communes et des agents des impôts.
L’administration n’a jamais pourtant pensé à supprimer les taxes de péage routier parce que les routes ne sont pas entretenues avec l’argent du péage. Il n’ya qu’à regarder l’état de nos routes qui sont délabrées avec des nids de poule pour s’interroger sur l’utilité des taxes de péage routier. Mais lorsqu’il s’agit des pauvres communautés riveraines, l’Etat leur supprime les revenus auxquels elles ont droit au motif que les maires l’ont mal géré.
Il aurait été plus logique de supprimer la quote part des communes et de la rétrocéder à l’Etat, si l’objectif était de sanctionner la mal gouvernance des maires.